Tu aimeras ton prochain comme toi même

Jésus dit cela en citant l’Ancien Testament, dans le livre des Lévites. Dans l’Ancien Testament, le « prochain » peut correspondre simplement à celui qui appartient au même peuple, le peuple d’Israël. La nouveauté apportée par Jésus est le fait que, désormais, le « prochain » est tout homme. Jésus est en effet venu pour tous. Et désormais, il se laissera reconnaître en tout frère à qui nous aurons apporté secours et réconfort : « À chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait

Ceci dit, nous sommes bien appelés à nous préoccuper en premier de celui ou celle qui est proche, celui que nous rencontrons, que nous croisons, que nous côtoyons, à qui nous parlons, avec qui nous partageons notre existence ou quelques instants de notre vie.

Dans un premier temps, le prochain ne désigne pas tous les hommes mais bien celui qui est tout proche, physiquement ou, si l’on veut, géographiquement. Oui, dans un premier temps, nous sommes appelés à aimer celui qui est là, en face de moi ou à mes côtés.

Mais Dieu a bien en vue, pourtant, le bonheur, l’amour de tous les hommes. Sauf que, on n’aime pas tous les hommes comme ça. On aime chaque homme en particulier, sa femme, son fils, sa fille, son ami, son père, sa mère... Le lien d’amour est d’abord et avant tout un lien interpersonnel. On aime une personne avant d’aimer l’humanité entière. L’amour se communique de personne à personne, de proche en proche.

Quand Jésus nous dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. », c’est bien pour que cet amour rejoigne tous les hommes mais il sait que l’amour se répand en se diffusant autour de soi et que, c’est en le communiquant de proche en proche qu’il peut atteindre toute l’humanité.

Et Jésus, en s’incarnant en un temps (il y a plus de 2000 ans) et en un lieu donnés (la Palestine), a voulu manifester son amour à quelques-uns afin que, par démultiplication, cet amour gagne la multitude, à travers les âges et les continents.

Et c’est toujours vrai aujourd’hui : Nous sommes appelés à aimer, non pas tous les hommes, mais nos proches, qui peuvent être les membres de notre famille, nos amis, nos voisins mais aussi ceux que l’on ne rencontre qu’une seule fois. Car une seule fois peut suffire pour transmettre de l’amour. Ce qui importe, c’est de rencontrer la personne « en présentiel », pourrait-on dire aujourd’hui. Bien sûr qu’il peut y avoir déjà une relation de qualité « en distanciel » mais rien ne remplace le vis-à-vis, le « corps à corps », le regard et le contact.

Ainsi l’Évangile passe de manière privilégiée lors de rencontres personnelles. Ce n’est pas pour rien que les évangélistes nous relatent tant de rencontres de Jésus avec quelqu’un : Nicodème, Zachée, Matthieu, Simon le pharisien, Marthe et Marie, la Samaritaine, Bartimée, et d’autres que l’on ne nomme pas (le jeune homme riche, la Cananéenne, l’aveugle-né et tous ceux et celles qu’il guérit…).

Le Christ s’est fait notre prochain


Et si nous, crétin, prenions à notre compte cette question : « Qu’as-tu fait de ton prochain ? »

Dieu disait à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Jésus, en nous appelant à aimer notre prochain, nous pose une question similaire : « Qu’as-tu fait de ton prochain ? ».

On le dit souvent : l’homme moderne peut être au courant de ce que vivent ses semblables à l’autre bout de l’humanité. Mais il peut ignorer que son voisin est en détresse. Même dans notre rural, il peut arriver ce qui est arrivé récemment dans l’une de nos trois paroisses : la découverte d’une femme décédée plusieurs semaines auparavant !

L’expérience du confinement nous a fait déjà nous poser cette question : « Comment mes voisins, particulièrement ceux qui sont isolés, vivent-ils cette épreuve ? »

Et si nous, chrétiens, prenions à notre compte cette question : « Qu’as-tu fait de ton prochain ? » Question que l’on peut formuler autrement : « Que fais-tu pour être proche de ton prochain ? »

Cette question doit nous habiter particulièrement à l’occasion de la restructuration des paroisses qui amènera parfois à en faire une seule avec plusieurs.

Mais comment alors resterons-nous proches de ceux qui se sentiront loin, loin du centre de la nouvelle paroisse ?

Et si nous profitions de ce Carême pour faire en sorte d’être plus proches de ceux qui nous entourent ! Et si nous nous intéressions davantage à notre prochain ! Ce serait une belle résolution et un bel effort de Carême.

Et nous pourrions aussi nous partager nos initiatives, nos expériences et nos anecdotes concernant la rencontre de notre prochain… celui qui est tout proche et que, peut-être, je connais bien peu.

À en reparler. Bon Carême à la suite du Christ qui s’est fait notre prochain !
Patrice BOURSIER, curé

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