Les pèlerinages…
Des témoignages pour nous aider à avancer vers le même but par le chemin que Jésus nous a tracé et sur lequel il continue de nous devancer.
Dans nos deux paroisses, nous avons vécu trois pèlerinages à trois « grottes de Lourdes » qui sont sur notre territoire : dans le centre des Essarts, au 15 août dernier, à la Ricotière de Saint-Vincent-Puymaufrais et à la Barillère de Rochetrejoux au début septembre.
Toute notre vie est pèlerinage. Toute notre vie est invitation à avancer. Et pas besoin d’avoir ses deux jambes pour avancer sur ce chemin-là. Il m’arrive de le dire : les personnes qui ne peuvent plus se tenir sur leurs jambes avancent peut-être parfois plus vite que bien d’autres… dans leur cœur ! Car le but, ce n’est pas Lourdes, Fatima, Rome, Jérusalem ou la Barillère : le but, c’est Dieu lui-même. Et le chemin, c’est le continuel apprentissage de l’amour, le travail sans cesse à reprendre de l’élargissement du cœur, afin qu’il soit aux dimensions du monde et aux dimensions de ce que Dieu veut donner.
C’est avec cela en tête que nous recevons les témoignages qui nous sont donnés dans ce bulletin. Plusieurs personnes nous partagent ce qu’elles ont cherché et trouvé sur différents chemins ou en différents lieux. Qu’elles soient remerciées d’avoir répondu à notre sollicitation et de nous aider à avancer vers le même but par le chemin que Jésus nous a tracé et sur lequel il continue de nous devancer. ■
Hospitalier à Lourdes
Faire pèlerinage, nous dit le dictionnaire, c’est « un voyage vers un lieu saint dans un esprit de dévotion ». Pour un(e) hospitalier(ère), aller en pèlerinage, c’est permettre à une personne malade, âgée ou handicapée de faire ce « voyage » !
Mon aventure a commencé en 2007 lorsqu’un couple des Herbiers, très engagé dans l’Hospitalité Vendéenne, a proposé à mon épouse et à moi-même de participer au pèlerinage diocésain à Lourdes comme hospitalier(ère). Personnellement, j’y suis allé « à reculons »… mais au retour de cette première expérience, et malgré la fatigue, je n’avais qu’une envie : y retourner ! J’ai découvert l’attention et l’accompagnement des plus fragiles. J’y ai rencontré une profonde amitié et un véritable partage fraternel entre hospitaliers(ères). Nous le disons souvent : l’Hospitalité, c’est une vraie famille !
Comme Jésus nous l’a montré au soir du Jeudi Saint en lavant les pieds de ses disciples, nous essayons bien humblement de l’imiter… L’hospitalier(ère) est serviteur : Il prend soin de la personne accompagnée, l’aide dans ses déplacements, dans sa toilette, dans ses repas… le tout dans un profond respect et une confiance mutuelle. C’est alors que se crée un lien unique avec le pèlerin pour peu que l’on sache se mettre à son écoute. En somme, il convient de se décentrer de soi-même pour laisser toute sa place à l’autre. Alors, viennent les confidences… Les joies s’expriment mais aussi les souffrances, parfois lourdes à porter. Que de leçons nous recevons de ces pèlerins : leur courage malgré l’épreuve de l’âge, de la maladie ou du handicap, mais aussi le bonheur, leur joie de vivre dont leurs yeux rayonnent… Cela nous donne à réfléchir sur notre propre vie ! Ce que nous vivons en pèlerinage s’exprime aussi tout au long de l’année par l’attention portée aux personnes les plus fragiles, par l’amitié et le partage vécus avec les autres hospitaliers(ères). Quel vide, quel manque, avons-nous ressenti lorsque, pendant trois années, nous avons été privés de pèlerinage en raison de la pandémie ! Dieu merci, nous avons pu retourner à Lourdes en 2023. C’est avec beaucoup d’émotion que nous nous sommes retrouvés à la grotte de Massabielle pour prier Marie et rendre grâce.
Avec la centaine de pèlerins accompagnés, nous avons hâte d’y retourner du 22 au 26 avril 2024 et vivre un nouveau pèlerinage avec eux. Je vous invite à découvrir ce magnifique service ! ■
Marc RAUTURIER, président de l’Hospitalité Vendéenne - Les Sables d’Olonne
Lourdes, je connais de A à Z
Nous sommes allés à Lourdes bien des fois, mon mari et moi. C’était les seuls voyages que l’on s’autorisait. René ne voulait jamais partir hormis pour cette occasion. On y allait souvent au moins deux fois par an. Un jour, alors que sa santé était très fragilisée, je lui ai proposé de retourner dans la ville de Bernadette. La réaction des enfants a été négative. On pouvait les comprendre : leur père était vraiment mal et en plus, c’est moi qui conduisais (rires) ! Mais René était partant. Nous avons donc pris la route vers Lourdes, à deux, sans être inscrits dans un pèlerinage organisé. Peu après notre arrivée, nous nous trouvions dans l’église Sainte-Bernadette. Je causais pas mal, comme d’habitude (rires, à nouveau !). Si bien que quelqu’un est venu vers nous. Il avait tout de suite reconnu que nous étions vendéens… comme lui. Voyant que nous étions sans accompagnement, il nous a invités à intégrer le groupe de pèlerins du diocèse… dont il était l’évêque. On a assisté à toutes les cérémonies. On a fait un pèlerinage formidable ! Nous sommes revenus vraiment heureux. Ça a aidé René dans sa maladie. On a pu retourner plusieurs fois encore à Lourdes avant qu’il nous quitte. Nous avons notamment participé au pèlerinage « Lourdes Cancer Espérance ». Lourdes, je connais de A à Z !
Aujourd’hui, je regarde quotidiennement la messe célébrée à Lourdes ainsi que le chapelet à la grotte. La foi, si je n’avais pas eu ça, je serais déjà morte. C’est elle qui m’a sauvée ! ■
De Lourdes aux JMJ du Portugal
Du 25 juillet au 7 août une centaine de Vendéens se sont rendus au Portugal pour les Journées Mondiales de la Jeunesse. Avant d'atteindre Lisbonne, nous nous sommes arrêtés à Lourdes où nous avons pu voir le groupe Fratelli et notre évêque, Monseigneur Jacolin. Après une étape à Avila sur les pas de Sainte Thérèse nous sommes arrivés à Vila Nova de Poiares, notre paroisse d'accueil pour la première semaine. Hébergés dans des familles d'accueil, nous avons pu profiter du sens de l'accueil portugais. Nous avons découvert le Portugal à travers sa population, ses paysages (randonnée en montagne), sa culture et ses traditions (découvertes culinaires, atelier poterie, fêtes traditionnelles, procession de la Saint-Jacques,...). La deuxième semaine nous nous sommes arrêtés au Sanctuaire de Fatima. Cela nous a permis de découvrir l'histoire du lieu et les trois secrets qui s'y attachent. Puis, les Vendéens sont arrivés à Lisbonne. Après une journée entre français, la semaine à Lisbonne fût très enrichissante par les différentes rencontres, les temps spirituels (adoration, liturgies des heures, messes et catéchismes), les moments avec le Pape...
Cette semaine nous a permis de voir à travers les différentes nationalités et cultures, l'unité de l'Église catholique. Malgré nos différences nous étions rassemblés pour et par Dieu et cela s'est ressenti par le grand silence des 2 millions de jeunes recueillis devant le Saint Sacrement à la veillée finale. Ces deux semaines ont permis aux Vendéens de se rapprocher de Dieu, de grandir dans leur foi et de prêter plus d'attention à la question de la vocation.
Compostelle. Chemin mythique. Randonnée à la mode…
L’année passée, la solitude d’une nouvelle vie à accepter, à apprivoiser m’a mise sur le Chemin. Partir en pèlerinage, ce n’était pas l’idée première. Il me fallait marcher, marcher… Une amie m’accompagnait et nous avons choisi de partir du Puy-en-Velay pour le symbole du lieu, la beauté du chemin et aussi un balisage et des accueils en nombre. Cette année, je suis partie plus longtemps, seule. Le marcheur porte sur son dos « sa maison ». Le sac, réduit au minimum pour ne pas peser trop lourd, contient le strict nécessaire. Premier détachement ! Mettre son sac sur le dos, boucler et ajuster les sangles, faire les premiers pas dans le petit matin, c’est le plus beau moment ! Parfois frisquet, parfois pluvieux, parfois brumeux, ou un rayon de soleil qui se hasarde, qu’importe, ce départ est toujours un miracle, un renouveau ! Deuxième détachement ! Puis le rythme se cale, régulier, le souffle aussi. Des petits pas en montée, une foulée plus longue sur le plat mais toujours réglés sur la même cadence. C’est ma musique de la marche ! Après plusieurs jours, la tête se libère, comme le corps qui se décontracte et renvoie les courbatures ! Le contact permanent avec la nature nous ouvre à l’émerveillement, au Vivant, à la fois dans sa grandeur et dans sa fragilité : « Mon Dieu, tu es beau, tu es grand ». On n’est jamais seul sur le chemin. On est rejoint, on rejoint, on échange, on s’attarde : « Tu as besoin de quelque chose ? Tu as mal ? Tu es fatigué ? » Alors parfois, c’est le déclic, les cœurs s’ouvrent.
Puis après les confidences, comme par pudeur, on reprend sa marche solitaire sachant qu’on se
retrouvera ou pas, sur le chemin. Il n’y a pas un marcheur « qui ne trimballe pas une casserole », chacun a une raison précise, avouée ou non, douloureuse quelquefois, qui l’a amené là. J’ai redécouvert avec joie que la bienveillance existe encore ! Dans les moments de marche solitaire, une forme de prière s’installe. Tous ceux qu’on aime, qu’on a laissé pour un temps défilent devant les yeux, dans le cœur et dans le cœur de Jésus et de Marie. Il y a aussi tous les malades, tous ceux qui ont demandé de prier pour eux. C’est une promesse qui est honorée chaque jour. Arrivée, confinée dans la tristesse, la douleur, la tête et le cœur s’ouvrent aux autres. Le chemin peu à peu nous décentre, ouvre un chemin d’apaisement. Partie randonneuse, le chemin m’a fait devenir pèlerine. Avancer en lâchant prise. Troisième détachement. Cette expérience se poursuit à la maison où j’accueille depuis le printemps, des marcheurs qui font tout ou partie du chemin vers Saint Jacques venant de Bretagne, de Normandie, de Belgique… Curieusement, il y a une alchimie qui opère très vite. L’expérience commune accorde les cœurs. Que de confidences ! Que de rires aussi ! Beaucoup de marcheurs, même sur ce chemin de Compostelle, se disent loin de l’Église, non croyants mais la magie de la marche, sur un temps long, recentre l’homme sur son être spirituel. Mystère de la présence de Dieu par tous les chemins, hors les murs, hors les codes.
Ultreïa ! En avant, route !
Nous et Lourdes : une longue histoire, une riche histoire
Nous avons vécu notre première expérience de pèlerinage à Lourdes en 1982, pour rendre grâce, après la naissance de nos quatre enfants. Point de départ d’une longue série. Nous sommes repartis, chaque année, avec enfants, famille, parents, amis. Six jours de ressourcement, de prière, de rencontres, de service… Notre groupe s’est étoffé petit à petit et nous avions la joie d’accompagner, de faire découvrir le sanctuaire et son histoire, de prendre soin de chacun. Sensible au témoignage de membres de notre famille et d’amis, Robert, mon époux, a rejoint l’hospitalité vendéenne dès 1985. Pour moi, cela a été possible en 2001 quand il n’y a plus eu de petits ou d’aînés à accompagner. En 2005, nous avons acheté un camping-car pour voyager oui, mais pas seulement ! Nous avons toujours cherché des lieux où des conversions se vivent, des lieux où enrichir la foi de notre baptême. A travers la France, mais aussi à l’étranger (Amsterdam aux Pays-Bas, Beauraing et Banneux en Belgique, L’Escorial et Garabandal en Espagne, Fatima au Portugal, San Damiano en Italie, Medjugorje en Bosnie, Rome et Assise), nous faisions notre itinéraire au gré des lieux d’apparition, de pèlerinage. Tout ce qui se trouvait sur notre
passage était source d’une halte pèlerine. Nous avions besoin de cette pause spirituelle. Finalement, on s’ennuyait un peu si on n’avait pas de lieux de pèlerinage dans notre itinéraire. Nous avons aussi toujours cherché à nous inscrire dans le programme de ce qui se vivait dans ces lieux: messe, conférence, témoignage, chapelet, … Nous étions transportés par tout ce que nous vivions. En repartant, sur la route, nous faisions nos commentaires sur ce que nous avions vécu, découvert, en choisissant déjà une nouvelle étape, en nous y préparant. Nous aimions transmettre et témoigner avec joie de ce que nous avions vécu pendant nos périples à ceux qui ne peuvent pas partir. Après le service à l’hospitalité vendéenne, nous avons trouvé la solution pour vivre le pèlerinage à Lourdes autrement : y aller avec nos petits-enfants, deux par deux, instants précieux partagés pendant six ans. Nous participions aussi au pèlerinage du Rosaire. En 2014, nous avons vécu notre premier pèlerinage en Terre Sainte, avec les équipes du Rosaire : expérience et émotions intenses de vivre les mystères du Rosaire sur les lieux Saints. En octobre 2022, nous y sommes retournés avec le Père Olivier Praud. Et il aura été notre dernier pèlerinage physiquement partagé à deux. Robert est décédé brutalement en mars dernier, à la veille d’un séjour de trois semaines en direction de Rome et du Vatican où nous devions aller pour la première fois. Le camping-car était prêt… Mais maintenant ça n’a plus le même sens, et pourtant, il me faut continuer à nourrir ce besoin, ce désir, cette envie de pèleriner. Mes filles m’ont emmenée à Lourdes dès le mois d’avril où nous avons vécu un pèlerinage réparateur, en mémoire de Robert. En octobre, je serai à Lourdes pour le pèlerinage du Rosaire et en décembre, à nouveau en Terre Sainte pour le jubilé de sa cousine carmélite, à Nazareth. Pèleriner, une démarche de foi, à l’image de notre vie. ■ Marie-Marthe RIGAUDEAU et sa fille Marie-José LIAIGRE
Lourdes, Saint-Jacques-de Compostelle, Mont Saint Michel…
Que vais-je chercher en prenant ces chemins me conduisant dans ces lieux où les Saints ont vécu et ont été messagers de Dieu ? Laissant pour quelques jours, quelques semaines mon quotidien, ma maison, je vais marcher seule ou en groupe afin de découvrir et contempler de nouveaux paysages, sac sur le dos, le moins lourd possible délaissant les futilités qui ralentiraient mon pas. J'apprécie cette liberté dans la nature, partir, échanger avec d'autres, nous entraider afin de surmonter parfois les rudesses du parcours (dénivelé, température, météo) et de nous dépasser. Je vous partage un extrait d’un article pris dans le « Jacquet » (le journal des pèlerins de Vendée) : « Que se passe-t-il dans ton cœur, lorsque ton mental se tait ? Entends-tu le doux murmure de ton âme qui te rappelle qui tu es vraiment ? Te montre-t-elle ta faiblesse d'homme pliant sous le poids des chagrins, craignant sans cesse demain ou bien te rassure-t-elle en te chuchotant à l'oreille que tu es à l'image de l'univers, que la force est en toi, bien cachée, certes, mais réelle et puissante, qu'il te suffit d'y croire et d'avancer en redressant la tête. Alors le Pèlerin avance pas à pas sur le chemin. » ■
ÉLISABETH – Saint-Martin-des-Noyers
Sur les routes d’Assise
Le 27 août de Vézelay, qui est, en France, le lieu de la première implantation d’une communautéfranciscaine à la suite de saint François d’Assise, nous sommes partis à trois sur ce chemin d’Assise. Deux marcheuses : mon épouse Monique, sa sœur Christine. Quant à moi, j’assurais l’intendance et l’assistance technique en voiture. Pourquoi Assise ? Depuis très longtemps le désir de ce chemin avait été évoqué entre nous… Saint François est très actuel pour notre temps... Christine nous partage quelques réflexions : « Parler d’un pèlerinage en ce qui me concerne est un mot trop fort. Je suis partie pour accompagner ma sœur qui avait envie de marcher sur ce chemin vers Assise. Pourquoi Assise ? C’est un chemin moins couru que Compostelle et François est un saint qui parle à tous ceux qui, dans le monde, pensent nature, beauté et mesure… La mesure de nos pas qui s’adaptent dans l’effort. La mesure de l’effort à continuer, à reprendre encore et encore ! La mesure de tous ceux et celles qui font un chemin parfois difficile… et pas toujours sur des sentiers ! Et beaucoup de choses nous parlent et nous enchantent : le calme des forêts ; l’ombre bienfaisante ; la joie des descentes ; la beauté des paysages ; la beauté du patrimoine ; la beauté des personnes rencontrées dans leur diversité (Même si on est très peu sur ce chemin !) Il y a aussi l’attention de Gilles à notre égard… Il a préparé en amont le parcours, les étapes, les cartes au jour le jour. Et chaque jour, il nous attend pour le pique-nique du midi, ayant pourvu à l’intendance. Le grand confort ! » Pour Monique, il s’agissait de « réaliser quelque chose d’original » avec ma sœur et mon mari. Vivre simplement pendant douze jours, laissant nos pieds imprimer en nous l’envie de continuer… » Ce « récent » chemin de 1500 km vers Assise nous a donné d’accueillir la fraternité comme un cadeau, de rechercher la simplicité et même la sobriété, de vivre l’instant présent sans se soucier, et de s’imprégner petit à petit de l’esprit de l’Évangile tel que saint François a choisi de le vivre. Nous avons parcouru 235 km jusqu’à Cluny où la canicule nous a obligés à renoncer… pour un temps. La belle cathédrale de verdure que nous avons traversée, a laissé monter en nous une authentique prière de louanges ! Et n’oublions pas cette parole désormais célèbre de François : « Mon cloître, c’est le monde » ! ■