Vous êtes tous diacres !

    Il y a encore des personnes dans nos paroisses pour qui le mot « diacre » n’évoque pas grand-chose sinon rien.
    Le diaconat est aussi tout nouveau puisque, ayant disparu pendant mille ans, il a été rétabli, il y a soixante ans, lors du dernier concile de l’Église, Vatican II qui a rassemblé à Rome, de 1962 à 1965, les évêques du monde entier.
    Que cette année 2024 nous donne de rendre grâce sans retenue pour les diacres de nos communautés. Et, quand nous les croisons, n’hésitons pas à leur dire « merci » ! Ce n’est pas si étonnant que cela car le diaconat est à la fois très ancien et très nouveau. Très ancien parce que les diacres sont apparus dès les tout débuts de l’Église. On en parle dans le Nouveau Testament. Mais le diaconat est aussi tout nouveau puisque, ayant disparu pendant mille ans, il a été rétabli, il y a soixante ans, lors du dernier concile de l’Église, Vatican II qui a rassemblé à Rome, de 1962 à 1965, les évêques du monde entier. Il y a soixante années, autant dire hier, à l’échelle de deux mille ans de christianisme.
    Ceci dit, ces soixante ans, ça se fête. C’est pourquoi ce bulletin est consacré au diaconat.
    Nous avons la chance dans notre doyenné des Herbiers, qui rassemble sept paroisses, de compter dix-neuf diacres, soit le tiers des cinquante-cinq diacres du diocèse. En Vendée, le premier diacre fut ordonné en 1982. Et, depuis, soixante six ordinations ont eu lieu dans notre diocèse de Luçon. Mais déjà treize ont rejoint le Père du ciel et plusieurs nous sont arrivés d’autres diocèses français.
    Le mot « diacre » signifie « serviteur ». Jésus lui-même s’est présenté comme serviteur quand il a dit à ses disciples : « Je suis venu non pour être servi mais pour servir et donner ma vie… » Ainsi, Jésus est le premier diacre.
    Et Jésus est modèle non seulement pour les diacres mais aussi pour tous les baptisés. Tous, par notre baptême, nous sommes devenus diacres, serviteurs de Dieu et de nos frères et sœurs. Mais nous avons tendance à l’oublier, surtout nous, les pasteurs (prêtres et évêques). Alors, les diacres ont ce rôle de rappeler à tous les baptisés – encore une fois avant tout aux prêtres et aux évêques – que leur vocation est une vocation de service.
    


Le Christ est notre roi. Mais c’est un roi atypique car, justement, c’est un roi qui n’attend pas qu’on le serve. Il attend qu’on se laisse servir par lui, c'est-à-dire aimer par lui.
Son amour va, de manière privilégiée, vers ceux qui sont loin, c'est-à-dire aux marges, aux marges de l’Église, aux marges de la société. Ainsi, le ministère des diacres les porte préférentiellement vers celles et ceux qui ont plus ou moins perdu pied dans la société ou qui ont perdu tout ou presque tout contact avec l’Église. Mais, là encore, c’est pour rappeler à l’ensemble des baptisés (pasteurs et laïcs) que, par leur baptême, ils sont eux-mêmes envoyés vers les personnes les plus vulnérables, les plus démunies, matériellement ou spirituellement.
    Si les diacres ont à se faire proche des plus loin, alors, il ne faut pas mesurer la fécondité (encore moins « l’utilité ») de leur ministère au nombre de baptêmes, de mariages, de sépultures qu’ils célèbrent, au nombre de fois où ils apparaissent dans les célébrations. Non, ça se passe avant tout ailleurs : dans la famille, dans la vie professionnelle, dans les associations, dans les rencontres de toutes sortes… De même que les baptisés ont à semer la Bonne Nouvelle partout où ils sont, partout où ils passent.
    On entend beaucoup : « Nous avons besoin de prêtres. » Mais si peu : « Nous avons besoin de diacres. » Et pourtant, nous devons tant aux diacres, y compris nous, les prêtres. Aux diacres et à leurs épouses (car la plupart sont mariés). Elles ont leur manière à elles d’être au service, une manière peut-être encore plus discrète mais non moins féconde.
    Que cette année 2024 nous donne de rendre grâce sans retenue pour les diacres de nos communautés. Et, quand nous les croisons, n’hésitons pas à leur dire « merci » ! Merci de nous aider à être nous-mêmes davantage serviteurs.

 Patrice BOURSIER, curé de Sainte Croix des Essarts et de Saint Vincent de Chantonnay  

       Dans ce numéro, nous donnons la parole aux diacres ou à leurs épouses de nos deux paroisses (Sainte-Croix et Saint-Vincent) : Luc et Aurélie Martin (Sainte-Florence) ; Christian et Marie-Jeanne Baudry (Chantonnay) ; Gilles et Monique Piffeteau (Chantonnay). Nous avons aussi sollicité le témoignage de Vincent et Line Guignard des Herbiers. Vincent sera ordonné le samedi 11 mai prochain aux Herbiers après cinq années de cheminement vers le ministère diaconal. 

 Patrice BOURSIER 


    Bonjour à tous, je m'appelle Luc et cela fera huit ans le 1er octobre que j'ai été ordonné diacre permanent. Je suis marié à Aurélie depuis bientôt vingt ans et nous avons quatre enfants de 8 à 17 ans. Nous vivons à Sainte-Florence, commune dans laquelle je travaille également dans une scierie depuis deux ans. J'ai eu la chance dans ma vie de rencontrer des personnes bienveillantes, y compris des diacres et leurs épouses, qui m'ont permis d'avancer dans ma relation avec Dieu. Et donc, pour moi, aujourd'hui, ma mission est de faire comprendre à ceux que je rencontre dans mon ministère l'amour et la présence de Dieu pour eux. Très souvent, la première chose que l'on me demande lorsque quelqu'un apprend que je suis diacre, c'est quels sacrements, quelles célébrations j'ai le ʺdroitʺ de présider. Si je célèbre avec joie un mariage ou un baptême, ce n'est pas, pour moi, le lieu où je me sens le plus dans mon rôle de diacre. Et ce serait sans doute un piège de croire que les diacres pourraient ʺpalierʺ au manque de célébrant et maintenir l'illusion d'une Église ʺcomme avantʺ pendant quelques années encore. Là où je me sens le plus à ma place, c'est dans les échanges, les rencontres avec les futurs mariés, avec les enfants qui préparent leur première communion et leurs parents. Dans les discussions avec des collègues, amis, familles ou connaissances plus éloignées sur des sujets du quotidien qui peuvent prendre un jour différent à la lumière du Christ. Car le ministère du diaconat m'offre une chance et une responsabilité, celle d'être un visage de l'Église dans le quotidien de personnes qui s'éloignent peu à peu du lien avec Dieu. Aujourd'hui, mais finalement comme toujours, l'Église change et je ne sais pas exactement quelle place aura le diaconat au cours des prochaines décennies. Personnellement, j'aime l'image du ministre de l'Église qui garde la porte ouverte à tous ceux qui, à un


moment de leur vie, trouvent ou retrouvent le besoin de se tourner vers Dieu. 

  Luc MARTIN - Sainte-Florence 

    J'ai épousé Luc il y a vingt ans et nous avons quatre enfants de 8 à 17 ans. Lors de l'ordination de Luc il y a sept ans, comme le jour de notre mariage, j'ai dit ʺouiʺ à cet engagement à vie. Il est diacre, mais nous restons avant tout mari et femme. Notre vie est comme celle de tous les couples et toutes les familles, avec ses joies, ses difficultés, mais avec une particularité. Je suis fière de Luc, de ce qu'il est, ce qu'il fait, de la façon dont il vit sa mission de diacre. Mon rôle est de le soutenir, de gérer au mieux le quotidien lorsqu'il est bien pris par sa mission (l'agenda familial est vite rempli...). Je me permets aussi de lui rappeler de temps en temps que nous sommes là, qu'il a une famille, et que, bien que chaque sollicitation soit signe de partage, de joie (pour un mariage, un baptême...), il faut savoir dire ʺnonʺ, ne pas se laisser envahir. Une crainte aujourd'hui est d'être parfois trop dans ʺle faireʺ, plutôt que dans ʺl'êtreʺ. Depuis le début de notre cheminement vers le diaconat, je suis marquée par les différentes personnalités des diacres et de leurs épouses : il n'y a pas un modèle de diacre ; c'est une vraie richesse pour tous ! Cette mission ne pourrait pas être pleinement vécue sans la présence de Dieu dans notre vie. Il nous accompagne chaque jour et nous rend plus fort. 

AURÉLIE - Sainte-Florence 

    Je suis Christian Baudry. Je vis à Chantonnay, dans cette paroisse, depuis une cinquantaine d’années, je suis marié à Marie-Jeanne. Nous avons quatre enfants et cinq petits-enfants. Ordonné diacre permanent depuis le 22 avril 2006. Mon ministère consiste tout d’abord à vivre mon baptême ; dans les pas de Jésus, Lui, le premier des serviteurs. Vivre le service en premier lieu, au sein de ma famille, avec mon épouse, nos enfants et petits enfants, mais aussi en lien avec ma famille élargie, mes amis, dans le voisinage. Servir : être avec les autres dans mes engagements humains : associations locales, culturelles, mais aussi dans mes engagements en église, dans ma communauté. Préparer et célébrer certains sacrements, baptêmes, mariages. 

    


Quelle grâce d’accompagner des familles, des couples. Ensemble, ces partages nous apportent beaucoup et nous font grandir… ʺOui aimer c’est tout donner et se donner soi-même !ʺ Dieu est à l’œuvre, il est présent… et j’aime bien leur faire partager cette présence silencieuse. Servir les familles qui sont dans la peine, la douleur, lors d’un deuil, la présence de Dieu est très intense aux cours des partages, et de la célébration. 

    Accompagner des familles en deuil, qui sont pour moi proches, très proches, amicales ; l’Esprit-Saint, a une place particulière à ces moments précis. Vivre et être en service, c’est aussi ces beaux partages avec mon épouse, nos amis de la prépa mariage, les futurs mariés. Ce sont des moments importants pour notre communauté, notre Église.

     De part mon ministère, je reste attentif, à l’écoute de l’équipe prépa mariage et des futurs mariés et ainsi favoriser leur cheminement dans leur vie de couple et la découverte de la Parole de Dieu. Un autre point à souligner dans ma mission : le goût de la Parole de Dieu ; contribuer à la partager, à la faire vivre, à s’en nourrir. Vivre, être ensemble, mettre en commun, c’est faire grandir la fraternité, l’Église, le Royaume de Dieu : quelle joie ! Mais aussi, des interrogations : faire ensemble, faire communion, vivre en frères et sœurs ? Peut parfois être difficile. Pourtant ? Quel bonheur lorsque nos partages sont fraternels et vivants dans la Parole, et la lumière de Dieu. 

    Je suis heureux de vivre mon ministère de diacre, d’être parmi mes frères et sœurs en humanité, simplement et aidé de ma prière quotidienne. Voilà ma façon d’être, un enfant de Dieu, un frère de Jésus-Christ. Merci à tous. ʺReçois l’Évangile du Christ, que tu as mission d’annoncer. Sois attentif à croire à la Parole que tu liras, à enseigner ce que tu as cru, à vivre ce que tu auras enseigné.ʺ 

 CHRISTIAN - Chantonnay 

    Nous avons tous les deux grandi aux Herbiers où nous nous sommes rencontrés en 1987 suite à un pèlerinage que Line avait fait à Lourdes. Nous nous sommes mariés en 1993 et nous avons eu sept enfants. Benjamin est ingénieur aérodynamicien, Baptiste traducteur et Sarah professeur de mathématiques. Marie termine une licence de mathématiques en vue de devenir professeur des écoles, Hannah et Jean sont au lycée et Gabriel en CM2. Après des études d’histoire, j’ai commencé à enseigner au lycée Jean XXIII où j’ai fait l’essentiel de ma carrière, tout en enseignant en parallèle à l’ICES jusqu’en 2010 et à l’UCO d’Angers jusqu’en 2019. Line a travaillé comme analyste programmeur jusqu’à la naissance de Baptiste avant de se consacrer à temps plein à la vie de notre famille. 

    En plus de ce que j’ai reçu dans le cadre familial, ma foi s’est construite autour de la Bible que j’ai découverte et lue d’abord comme un formidable roman d’aventures. Elle s’est aussi développée dans les rencontres et les échanges, notamment avec le petit groupe d’amis qui s’était constitué à la suite du pèlerinage de Lourdes en 1987. Et puis elle s’est vraiment incarnée pour moi en 2004, à travers une expérience forte de la présence du Christ Sauveur, moment fondateur à partir duquel j’ai revisité tout ce que j’avais reçu. À partir de là, rien n’était plus comme avant. C’était quelque chose à la fois de très personnel et de très nouveau pour moi, et en même temps quelque chose que je tenais à vivre en Église, et que je cherchais à articuler à ce que je vivais dans la communauté paroissiale.


     Tout n’a pas toujours été simple, mais il paraît que Dieu sait écrire droit avec des lignes courbes. Avec la naissance de nos derniers enfants et le début des études supérieures pour nos aînés, nous avons laissé des engagements que nous avions pris dans l’Église (Équipes Notre-Dame, préparation au mariage, formation biblique). C’était pour être plus disponibles à ce qui nous semblait alors essentiel, mais nous sentions bien qu’il nous manquait quelque chose. 

    Nous nous sommes donc engagés en 2018 pour une année de réflexion dans le cadre d’une École de charité et de mission pour les couples. C’est à l’issue de cette année que nous avons été interpellés sur la question du diaconat. Ce n’était pas forcément une option que nous avions envisagée. Les années de réflexion et de formation nous ont aidés à discerner si c’était par le diaconat ou d’une autre manière que nous pouvions servir le Christ et son Église. Ces années nous ont permis de faire une relecture de notre vie. Elles ont été riches aussi en découvertes, notamment de ce que recouvre le diaconat, au-delà des représentations qui pouvaient être les nôtres.

     Aujourd’hui je suis heureux de répondre oui à cet appel. Même si je ne mesure pas exactement quelle forme ce service va prendre dans les années qui vont suivre, il me semble important de vivre une présence et une disponibilité à la communauté chrétienne et au monde.

 

Vincent et Line GUIGNARD – Les Herbiers 


    Vincent sera ordonné diacre aux Herbiers, le samedi 11 mai prochain.

    Me VOICI ! ʺNous sommes tous appelés à nous abaisser, parce que Jésus s’est abaissé, il s’est fait le serviteur de tous. » Pour le pape François, s’il y a bien « quelqu’un de grand dans l’Église », c’est celui « qui s’est fait le plus petit et le serviteur de tous ». « On reste diacre pour toujours », a-t-il affirmé, appelant à se souvenir que pour les disciples de Jésus « aimer c’est servir et servir c’est régner ». « Le pouvoir réside dans le service, pas ailleurs.ʺ (Discours du pape François aux diacres permanents).

 


  


 Ordonné en 2006 la lettre de mission qui m’a été confiée concernait.

→ 1/En premier lieu et avec Monique (avec la grâce reçue à notre mariage en 1973), la mission prioritaire dans notre famille auprès de nos enfants et petits-enfants.

→ 2/L’accompagnement des familles vers le baptême de leur enfant. S’émerveiller de leur demande, c’est souvent une première annonce… 

→ 3/Une attention particulière auprès des personnes en situation de handicap et de leur famille et de leurs amis. La communauté Foi et Lumière étant le lieu privilégié pour exprimer cette attention.

→ 4/Et une troisième mission autour du beau et des personnes sensibles à ce qui est beau… Vaste programme !… Après dix-huit ans de diaconat, de service, de rencontres, Monique et moi nous ne pouvons que rendre grâce pour ce que nous avons reçu. L’attention aux plus faibles, aux plus petits, vulnérables, ouvre des pages d’Évangile, c’est la rencontre avec Jésus qui se réalise au seuil de notre Église… Le sentiment de ne pas avoir été toujours ajusté : quand cette maman nous annonce qu’elle n’avait jamais entendu parler de Jésus ! A-t-elle trouvé Jésus ? Cette famille accompagnée pour le décès de leur enfant de quatre ans, leur ai-je suscité suffisamment l’espérance ? Et bien d’autres situations particulières… Il reste à porter à l’autel toutes ces situations et laisser l’Esprit Saint, faire son travail. Ne sommes-nous pas que des serviteurs quelconques.

GILLES diacre permanent- Chantonnay