Comprends-tu ce que tu crois ?


Cette question paraphrase celle que pose le diacre Philippe dans le livre des Actes des Apôtres, au chapitre 8. Il interroge ainsi un homme qui lit un passage de la Bible que, visiblement, il découvre. Philippe lui dit : ʺComprends-tu ce que tu lis ? ʺ 


Comprends-tu ce que tu crois ? Peut-être cette question nous est-elle posée de temps à autre de manière indirecte. Ce peut-être un enfant ou un petit fils ou une petite fille qui nous amène toute une série de pourquoi ou de comment : ʺPourquoi est-ce que tu crois ? Es-tu vraiment sûre que papy est au ciel ? Les croyants sont-ils vraiment meilleurs que les autres ? Si Dieu est amour, pourquoi tant de mal et de souffrances ? Si Jésus a défendu les petits et les plus fragiles, pourquoi la hiérarchie a-t-elle laissé des prêtres ou des religieux commettre autant d’actes pédocriminels ? La messe, ça sert à quoi ? À quoi bon se marier à l’Église et faire baptiser ses enfants ? Mon papa me dit que tout ça, c’est des histoires inventées, alors, est-ce qu’il faut que je continue la catéchèse ?... ʺ
Et on pourrait, bien sûr, allonger la liste presqu’à l’infini.



Que nous le voulions ou non, nous sommes de plus en plus pressés pour, comme l’écrit saint Pierre, ʺrendre compte de l’espérance qui est en nous.ʺ (Première lettre de Pierre au chapitre 3). 


On ne peut pas, on peut de moins en moins, se contenter du catéchisme de notre enfance. Aujourd’hui, il y a le risque que se creuse un abîme entre un niveau d’études qui a beaucoup augmenté depuis un demi-siècle et une foi qui en reste à l’enfance… y compris chez de grands diplômés. 


La foi ne disqualifie pas la raison, loin s’en faut. Bien au contraire, elle encourage le travail de la raison. C’est bien pourquoi le christianisme (et pas seulement lui) a besoin d’une armée de biblistes et de théologiens. En effet, tout chrétien a besoin de raisons pour croire. Tout chrétien est appelé à réfléchir à ce qui le fait croire. ʺLa foi cherche à comprendreʺ dit Saint Anselme (11e siècle). 


C’est pourquoi le devoir de l’Église est d’inviter les baptisés à creuser l’intelligence de leur foi. Et, pour cela, elle invite à des temps de formation. Nos deux paroisses, ces dernières années, ont ainsi proposé trois parcours de formation pour adultes : une formation biblique conduite par l’abbé Alphonse Limousin sur Sainte Croix-des-Essarts (qui a pris fin avec son départ) ; une formation, biblique également, mais animée par le service diocésain de formation (et qui a lieu, pour le cycle actuel, à la salle Saint Vincent-de-Paul de Chantonnay) et enfin les rencontres ‘Questions de foi’ vécues sur Saint Vincent-de-Chantonnay. 


Mais, bien sûr, tous ne peuvent pas participer à ces propositions, ne serait-ce que pour des questions de disponibilités. On peut faire travailler son intelligence par d’autres moyens : la méditation des Écritures Saintes, particulièrement des Évangiles, la lecture de livres ou de revues qui font découvrir des richesses inattendues de notre foi, la discussion entre chrétiens ou, quand cela est possible, avec des personnes qui ne partagent pas notre foi. J’ose dire également qu’une prière authentique éduque la raison, particulièrement quand elle reste simple et qu’elle ne s’illusionne pas en accumulant les exercices de piété, aussi bons soient-ils. Oui, l’intelligence de la foi n’est pas une affaire de diplômes. Jésus loue son Père d’avoir ʺcaché aux sages et aux savants, ce qu’il a révélé aux tout-petits.ʺ (Évangile selon saint Matthieu au chapitre 11). Il y a un bon sens de la foi comme il y a un bon sens partagé par tous les humains qui savent prendre du recul et de la hauteur. 


Merci, Seigneur, d’avoir créé notre intelligence. Aide-nous à la mettre en œuvre pour que ton incroyable Bonne Nouvelle soit, pourtant, toujours plus crédible ! 

Patrice BOURSIER, curé

Comprends-tu ce que tu crois ?


Voici donc plusieurs formations qui ont cours ou qui ont eu lieu sur nos paroisses de Saint Vincent-de-Chantonnay et de Sainte Croix-des-Essarts (ainsi nous est donnée l’occasion de réentendre l’abbé Alphonse qui a conçu et animé une formation biblique sur Sainte Croix). La présentation des informations est accompagnée, à chaque fois de témoignages de participants. Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont pris le temps de nous partager ce qu’elles(ils) ont vécu.

 Patrice BOURSIER

Questions de foi

Ainsi s’intitulent les rencontres d’échanges et de réflexion proposées sur la paroisse Saint Vincent-de-Chantonnay, un jeudi sur deux, de 19h à 20h30. Il ne s’agit pas d’un cours qui se suit mais de questions que l’on prend pour un soir. Pour un soir ou plusieurs puisque la première question portait sur le mal et la souffrance : Pourquoi tant de mal et de souffrances alors que nous disons que Dieu est bon et tout-puissant ? Et sur cette question, on pourrait s’attarder pendant des mois ou bien plus tant elle est insoluble.


Puis, suivant les souhaits des participants (ils ont été, jusqu’à présent, de 5 à 25), nous sommes passés au thème de « l’Église », thème décliné de plusieurs manières (donc sur plusieurs soirées) : l’Église, pourquoi et pour quoi ? L’Église, une longue histoire ! L’Église : de la crise à l’espérance ; L’unité de l’Église ; La place des femmes dans l’Église ; L’Église et le monde.

Et, de là mais sans aucun lien voulu, nous sommes passés à « la Création », suivi de « la sauvegarde la Création ». Et enfin, le dernier thème programmé (avant les suivants) : Similitudes et différences entre les êtres humains et les animaux.

L’un des défis de ces soirées est de permettre à chacun, chacune de s’exprimer. C’est ainsi que sont souvent proposés des temps en petits groupes. Nos rencontres ne se vivent pas non plus sans chanter ni sans prier. Toutes sortes d’éclairages peuvent nous arriver aussi du chant et de la prière.

La participation à un tel groupe, au-delà du travail de réflexion qui y est mené, permet de nouer ou d’approfondir des liens. Et ce n’est pas le moindre des bénéfices que l’on retire de ce temps pris sur le reste.

Une bonne raison de dire en terminant qu’il est toujours possible de se joindre à nous. Aucune inscription n’est nécessaire et aucune une régularité exigée. Sachez que vous serez les bienvenus.


Patrice BOURSIER, curé

Questions de foi – paroles de participants

Lors des premières rencontres (septembre 2023) nous avons réfléchi autour du mal et de la souffrance et nous avons regardé ce que disaient les textes de la Bible à ce sujet. Au cours des rencontres qui ont suivi, nous avons été amenés aussi à parler de l'Église et de son fonctionnement. Lors des premières rencontres, les personnes étaient surtout en attitude d'écoute, notamment des propos de Patrice. Puis peu à peu, au fur et à mesure des réunions, les personnes ont commencé à prendre la parole et à s'exprimer sur différents sujets, y compris parfois en sortant de l'ordre du jour (les manifestations d’agriculteurs, par exemple), et on a vu apparaître des opinions, non pas divergentes, mais différentes ; et tout cela


dans le respect des uns et des autres. Aujourd'hui les personnes ont pris l'habitude de s'exprimer en vérité, y compris celles qui ne s’en sentaient pas capables. On vit ainsi quelque chose d’une Église synodale où tous peuvent prendre la parole et trouver leur place. Ce qui nous réunit, entre autres, dans ces rencontres ‘Questions de foi’, c’est la chance que nous avons de connaître Dieu et de croire en Lui et cela nous donne une mission extraordinaire : annoncer aux sept milliards d’êtres humains qu’ils sont aimés de Dieu et qu'ils sont habités par l'Esprit Saint. Comment faire pour leur annoncer cette Bonne Nouvelle? Je pense que ce serait un excellent sujet pour les réunions à venir au niveau de la paroisse.

Jean-Luc CHATEIGNER et Bernadette LOIZEAU

Formation biblique diocésaine


Le diocèse de Luçon propose une formation biblique décentralisée (actuellement sur Chantonnay) pour les fidèles-laïcs et se déroulant sur trois années. Nathalie, participante, nous partage ce qu’elle y vit.

Lorsque j’ai eu la proposition de m’investir sur quatre années dans une formation biblique à Chantonnay, je me suis posée de nombreuses questions avant de m’engager. Les Pères Bessonnet et Billon sont intervenus à tour de rôle. Avec le Covid, la première année s’est faite en distanciel. Nous avons beaucoup apprécié de nous retrouver sur Chantonnay. Chaque année, de nouvelles personnes sont venues nous rejoindre, parfois de d’autres paroisses. Nous avons poursuivi une alternance d’étude de l’Ancien et du Nouveau Testament sur l’Alliance et le Salut en nous voyant une fois par mois avec un exposé plus ‘théorique’ et une partie plus appliquée (autour de l’étude de textes). …/…

Chacun arrivait avec une connaissance différente de la Bible. J’aimais particulièrement les temps de partage autour du repas. Cette formation m’a permis de mieux connaître la Bible et principalement le Premier Testament et l’Apocalypse qui me paraissaient trop ardus jusqu’ici. Cela m’a donné envie de découvrir un peu plus la Bible seule (avec ma Bible, ou grâce à des propositions comme celles d’ʺAu large Bibliqueʺ) mais aussi lors d’échanges avec d’autres personnes (ce qui m’a amenée à venir aussi régulièrement que possible à ‘Questions de Foi’). Dans ma vie de chrétienne, j’éprouve un besoin croissant, au-delà de la messe, d’échanger avec d’autres chrétiens. Le regard des autres me permet d’enrichir ma Foi, de mieux connaître Dieu, au travers des questions que je ne me serai pas posées toute seule.

 Nathalie GRELAUD

La Bible : un livre à mettre dans toutes les mains


Chaque dimanche, dans les célébrations eucharistiques, mais aussi lors des célébrations de mariages, de baptêmes, des funérailles, nous ouvrons ce livre qui est le plus édité dans le monde et dans toutes les langues. Mais chaque fois, ce sont des extraits. Pour bien comprendre le message qui nous est adressé, il faut aller voir où se situe le passage. Il n'y a pas si longtemps que cela que la Bible est entrée dans les maisons. À une époque encore récente, elle était surtout dans les mains des prêtres et des évêques.

On a même regardé, dans l’Église, ce livre comme un ouvrage à ne pas conseiller ! Ainsi, des cardinaux ont pu dire au pape Jules II (15ème-16ème siècle) lors de son élection : ʺLa lecture de l'Évangile ne doit être permise que le moins possible, surtout en langue moderne et dans les pays soumis à votre autorité. Le très peu qui est lu généralement à la messe devrait suffire et il faudrait défendre à quiconque d'en lire plus. Tant que le peuple se contentera de ce peu, vos intérêts prospéreront mais dès l'instant qu'on voudra en lire plus, vos intérêts commenceront à en souffrir. Voilà le livre qui, plus qu'aucun autre, provoquera contre nous des rebellions, les tempêtes qui ont risqué de nous perdre. En effet, quiconque examine diligemment l'enseignement de la bible et le compare à ce qui se passe dans nos Eglises trouvera vite les contradictions et verra que nos enseignements s'écartent souvent de celui de la Bible et le plus souvent s'oppose à celle-ci… Il est donc nécessaire que la Bible soit enlevée et dérobée des mains du peuple avec zèle, toutefois sans provoquer de tumulte.ʺ
Heureusement, le concile Vatican II a tenu un tout autre langage, dans la ligne de Saint Jérôme (4ème-5ème siècle ; Jérôme a traduit la bible du grec en latin) qui écrivait : ʺIgnorer les Écritures, c'est ignorer le Christ.ʺ Pour les Pères de Vatican II, la lecture de la bible, Parole de Dieu, est essentielle pour nourrir notre foi et connaître toute l'histoire du Peuple de Dieu, notre histoire.

Le pape François nous invite même à ce que le livre des Écritures Saintes, nous accompagne partout, comme notre portable : ʺQue se passerait-il, a questionné le pape François, si nous traitions la Bible comme nous traitons notre téléphone ? Si nous la portions contre nous, si nous retournions sur nos pas quand nous l’oublions. Si nous l’ouvrions plusieurs fois par jour, si nous y lisions les messages de Dieu comme nous lisons les messages de notre téléphone? Une comparaison qui fait réfléchirʺ, a estimé le pape. La Bible est une histoire d'amour entre Dieu et les hommes.

Au cours de l'année 2023-2024, une trentaine de personnes se sont retrouvées chaque mois pour découvrir le livre de l'Exode... C'est l'histoire du peuple hébreu réduit en esclavage en Égypte : Moïse est appelé par Dieu pour libérer son peuple... Cette libération se fait par le passage de la Mer Rouge... et la longue marche à travers le désert. Durant cette longue traversée du désert, tout n'a pas été rose. Mais Dieu manifeste tout au long de ce parcours sa présence et sa fidélité : « Je serai ton Dieu et tu seras mon peuple. »

La lecture de ce récit de l'Exode venait éclairer notre propre vie. N'est-elle pas une longue marche avec des moments de joie et de souffrance, des moments où les nuages sont bien sombres suivis d'un soleil qui nous encourage à continuer à marcher ensemble.

Ci-après, plusieurs personnes qui ont participé à ces rencontres, nous disent ce qu'elles ont vécu.


Alphonse LIMOUSIN

L’étude du livre de l’Exode

 Après le livre de la Genèse (premier livre de la Bible), l’an dernier, nous avons cheminé au cours de cette année sur la route de l’Exode. Le père Alphonse nous a éclairés tout au long de ce parcours, en répondant à nos diverses interrogations suscitées par ce récit. Ces rencontres régulières étaient précédées par un questionnaire sur les chapitres que nous allions étudier ensemble lors de notre prochaine réunion… Cette première lecture me permettait de commencer à m’en imprégner, puis le partage avec le groupe, les réflexions des uns et des autres, ainsi que l’interprétation du père Alphonse étaient une source de richesse pour une meilleure compréhension de ces textes parfois hermétiques. À travers la lecture du livre de l’Exode, j’ai pu faire plus aisément le lien entre l’Ancien testament et le Nouveau testament, notamment : le sens des psaumes, certains récits évoqués lors de la veillée pascale. Cette errance du peuple hébreu pendant 40 ans me montre que Dieu était toujours présent. Même si nous nous écartons du chemin, il nous propose sans cesse de renouveler son alliance.

 SYLVIE – Essarts en Bocage




Cette année la réflexion biblique était sur ‘le Livre de l'Exode’. Pour moi, ce fut l'occasion de reprendre à la suite tout le contenu du livre. Bien sûr de nombreux passages m'étaient familiers : la sortie d'Égypte, le passage de la Mer Rouge, la traversée du désert, les colères et les souffrances du peuple d'Israël, le veau d'or... En parcourant et en approfondissant les écritures cela aide à mieux comprendre l'histoire du peuple avec les deux personnages importants de Moïse et Pharaon. Pharaon qui opprime et Moïse qui guide le peuple pour le faire sortir de cet esclavage. …/… Tout au long de cette marche, la relation de Moïse avec Dieu est primordiale. Dieu sauve son peuple, mais ne fait jamais rien sans les hommes. À l'arrivée au Mont Sinaï, Moïse reçoit les dix commandements et les transmet au peuple ainsi que les prescriptions concernant le droit civil, le code pénal et le culte. En conclusion, le livre de l'exode décrit comment le peuple d'Israël passe de la servitude imposée par Pharaon, au service de Dieu qui l'a libéré. Merci Alphonse. 

 BRIGITTE – Essarts en Bocage


Dans les rencontres bibliques 2023-2024, l'abbé Alphonse nous a fait découvrir et relire le livre de l'Exode. ʺUne route pour aller dehors, pour sortir. ʺ Les Israélites en Égypte sont esclaves du pharaon. C'est par Moïse que Dieu conduit son peuple vers la Terre Promise. L'Exode est le livre fondateur du Peuple de Dieu. Après la longue série des plaies pour faire plier Pharaon, le peuple quitte l'Egypte tandis que les armées de Pharaon sont noyées. Dieu n'abandonne pas son peuple même s'il est rebelle (cf. le veau d'or). Malgré les infidélités aux commandements que Moïse avait reçus, Dieu ne nous abandonne pas. L'Exode est donc au cœur de la mémoire collective du Peuple de Dieu. L'Exode : un événement qui parle à des groupes. Cet événement a nourri les espoirs et les luttes de beaucoup d'hommes et de femmes tels les noirs d'Amérique du Nord au temps de l'esclavage ou encore les paysans des communautés chrétiennes de base de l'Amérique latine. L'Exode est l'archétype de tous les combats pour se libérer d'une tutelle. Le combat des esclaves noirs pour se libérer est chanté dans les Gospels.

 L'EQUIPE de Sainte-Cécile