« Dis papa, quand on est mort, c’est pour la vie ? » Derrière cette question d’un petit garçon à son papa, nous comprenons, bien sûr, que l’enfant veut savoir si, quand on est mort, c’est pour toujours. À première vue, la question du petit garçon énonce une contradiction : on ne peut pas en même temps être mort et être en vie.
Pourtant, cette question on peut dire qu’elle est dans le cœur et l’esprit des hommes depuis toujours. La vie, c’est être en relation avec les autres. Or, c’est cela que la mort nous enlève. Elle crée le vide. Et nous savons tous en cette drôle de période ‘covid’ ce que veut dire ce manque de relation, ce vide de relation.
Pour essayer de combler ce vide, les hommes ont imaginé d’autres mondes, dans lesquels les morts s’en iraient après un long voyage. Ils ont inventé des théories, comme celle de la réincarnation. Les Juifs, eux, ont eu l’idée qu’après la mort il y aurait une résurrection. Mais celle-ci était comprise comme une sorte de retour en arrière, une nouvelle vie dans un monde plus beau, sans lourdeur et sans mal. Tout cela restait des hypothèses qui permettaient d’exorciser un peu la peur de la mort et de son anéantissement.
Mais personne n’aurait osé imaginer ce qui s’est passé, au petit matin d’un jour ordinaire, dans un jardin, aux portes de Jérusalem. On avait déposé dans un tombeau le cadavre d’un homme mort sur une croix. Et voilà que la nouvelle éclate : le tombeau est vide, le mort est vivant, mais au-delà de notre espace et de notre temps, au-delà de notre expérience actuelle de la vie, de l’amour et de l’amitié. Cet homme est entré dans un monde nouveau, certes, dont nous n’avons pas encore l’expérience, mais un monde plus réel que le nôtre.
Tout d’un coup, la mort n’est plus un long voyage, ni un retour en arrière. Elle est juste un passage, une porte à franchir. Au-delà de cette porte, il y a désormais une lumière et une vie que nous ne pouvons pas imaginer maintenant, sinon en nous référant à ce que nous pouvons déjà vivre de plus précieux et de plus vital : l’amour et l’amitié. Car notre vie de maintenant est liée à notre vie éternelle.
Jésus a été le premier à demander à son Père : « Dis, papa, quand on est mort, c’est pour la vie ? » Et son Père lui a répondu : « Oui, mon Fils, tu es mort, mais c’est pour entrer dans ma vie, dans mon amour qui est éternel. Je fais de toi le Premier-Né d’entre les morts. » Oui, le petit garçon avait raison. Il faut simplement enlever le point d’interrogation à sa question, qui devient une affirmation : « Quand on est mort, c’est pour la vie ! ».
Abbé Jean BUTON