Abus sexuels dans l’Église :

Nous ne pouvons pas nous taire !



Ce mardi 5 octobre, il fallait s’accrocher pour regarder la retransmission de la remise du rapport de la


Ciase (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église) ou commission « Sauvé » du nom de son président.

Il fallait encaisser les paroles dures mais justifiées et le ton de puncheur bien compréhensible de François Devaux, représentant de « La Parole libérée », une association de victimes.

Il fallait être bien assis pour avaler sans s’étouffer la litanie des chiffres accablants pour l’Église égrenés par Jean-Marc Sauvé.

Il fallait ne pas défaillir pour entendre jusqu’au bout la manière lamentable dont la hiérarchie a traité ces affaires sur plusieurs décennies.
Il fallait bien admettre que les préconisations de la Ciase en vue d’une profonde réforme méritent d’être prises très au sérieux.

Oui, il faut faire effort – car on ne le fait jamais de gaité de cœur – pour prendre la mesure de la gravité et de l’ampleur des abus sexuels et la mesure de la faillite de la hiérarchie ecclésiastique dans sa réaction, ou plutôt son absence de réaction, face à des actes si graves.


Certains diront : « Ce sont les médias qui amplifient ces affaires pour nuire à l’Église. » Ce à quoi il faut répondre : « Ce ne sont pas les médias qui nous accablent, ce sont les faits. Et les médias ont été un maillon essentiel dans l’impérieuse nécessité de révéler ces faits. »


D’autres relativiseront : « À l’époque des faits, nous ne connaissions pas la gravité des conséquences engendrées par les abus sexuels. » Là encore, on ne peut que rappeler combien l’Église, même à l’époque des faits, se proclamait « experte en humanité », combien elle ne manquait pas de fustiger une société qui, selon elle, ne mettait pas l’être humain au centre de toute préoccupation et ne prenait que trop peu soin des personnes fragiles. Oui, l’Église, selon le propre regard qu’elle posait sur elle-même, aurait dû voir avant tout le monde, être horrifiée avant tout le monde, réagir énergiquement à la hauteur des crimes commis avant le reste de la société.


Et maintenant ? Maintenant, c’est ensemble qu’il faut regarder la réalité en face et les défis qu’il nous faut relever pour non seulement réparer ce qui peut l’être mais aussi nous aider mutuellement à envisager cette immense tâche comme un chemin de rédemption pour notre Église.

Nous pouvons, au final, sortir plus forts de cette épreuve, c'est-à-dire plus fidèles au Christ et à son Évangile. J’ose le dire : la responsabilité qu’il nous faut endosser, loin de nous enfoncer, peut être le premier pas vers l’accueil d’un renouvellement profond, salutaire et heureux, de notre manière d’être chrétien.