La grippe aviaire et ses conséquences


L’Église, peuple de Dieu, vit insérée dans un territoire, au milieu d’hommes et de femmes avec qui elle tisse des liens et dont elle partage la condition commune. Pour les chrétiens, « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps … sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. » (Concile Vatican II ; 1962-1965). C’est bien dans cet esprit que nos équipes pastorales qui se retrouvaient le jeudi 2 juin avaient invité deux agriculteurs de nos paroisses. Il s’agissait avant tout de les écouter raconter ce qui fait leur quotidien depuis plusieurs mois où les élevages avicoles ont été touchés de plein fouet par la grippe aviaire dans leur élevage. Nous rapportons ici l’essentiel de leur propos. …/…

L’Église, peuple de Dieu, insérée dans un territoire

Selon nos interlocuteurs (MM. Jean-Luc Dariet et Serge Rousselot de Saint-Martin-des-Noyers), les premiers cas sont apparus en Vendée vers Challans/ Saint-Christophe-du-Ligneron ; un gros coup de vent a ensuite poussé le virus vers le centre de la Vendée.

Les responsables politiques prêtent heureusement une oreille attentive à cette catastrophe sanitaire qui va coûter des milliards à l’État.

Un matin, l’alerte a été donnée par la baisse soudaine de la consommation d’eau et d’aliment dans un bâtiment avicole. Certains dindons présentaient déjà des signes cliniques évidents. Aussitôt contacté, un vétérinaire est arrivé, mais bien plus tard en raison de la pandémie qui touchait bien d’autres élevages. Les tests PCR ont rapidement identifié le virus de la grippe. La mortalité allant crescendo, plusieurs solutions se présentaient : euthanasier les animaux, mais les vétérinaires étaient débordés ; les étouffer avec du gaz, mais ce dernier n’était plus disponible. Il a fallu, bien à contre cœur, laisser les animaux livrés à eux-mêmes.


Psychologiquement, la situation est vite devenue éprouvante pour les éleveurs. Les éleveurs ont dû attendre dix longues journées pour trouver une solution à l’évacuation des animaux entassés sur leur litière.

Le représentant syndical communal avait à cœur d’appeler quotidiennement ses collègues touchés pour les écouter et les soutenir.

Cette crise sanitaire a mis en évidence la nécessaire solidarité qui doit lier les éleveurs.

Des aviculteurs pratiquant l’élevage en plein air devaient se plier à l’ordre de confiner leurs animaux. Certains, malgré la menace des amendes, en sont venus à passer outre cette mesure car les volailles n’étant pas habituées à cette situation en venaient à s’entretuer.

Les lenteurs administratives ajoutaient encore à la détresse psychologique. Pour cette raison, plus que pour des motifs sanitaires, il était demandé aux éleveurs de ne plus entrer dans leurs bâtiments.

Selon nos deux intervenants, pour retrouver une situation normale, il faudra attendre 2025. L’élevage français devra repartir très vite si on veut éviter que les importations inondent durablement le marché national.

Le secteur vendéen de la volaille pesant lourd dans l’économie du département, les responsables politiques prêtent heureusement une oreille attentive à cette catastrophe sanitaire qui va coûter des milliards à l’État.


La vaccination apparaît comme une solution évidente à envisager même si les animaux reçoivent déjà d’autres vaccins. La concentration des élevages dans certaines régions sera aussi un critère à prendre en compte pour l’avenir. La production avicole s’est avérée rémunératrice pendant de nombreuses années mais cela peut évoluer très vite défavorablement.

Cette crise sanitaire a mis en évidence la nécessaire solidarité qui doit lier les éleveurs. Celle-ci est plus réelle pour les éleveurs bovins qui, plus que les aviculteurs, sont amenés à travailler ensemble.

Les éleveurs avicoles doivent, en outre, supporter une pression quotidienne. Ils restent en permanence connectés à leur bâtiment afin d’intervenir au plus vite, notamment en cas de coupure d’électricité. De plus, leur rémunération dépend pour une bonne part de leurs résultats techniques et ceux-ci peuvent être fortement impactés par les aléas.

Les possibilités d’échanges entre les aviculteurs touchés par la pandémie ont beaucoup manqué. Tous ne sont pas disposés à parler pour exposer leurs difficultés et leurs fragilités. La Mutualité Sociale Agricole a toutefois bien pris en main les éleveurs en essayant de maintenir au mieux le contact avec ses adhérents.

Cette dure expérience professionnelle a aussi été une leçon de vie pour nos intervenants qui concluent ainsi : « On essaie de relativiser, les moments durs passent. Les petits bonheurs mis bout à bout fond du bien. N’attendons pas tout des autres ! Prenons en main notre destin ! Et, comme le chantait Johnny, ne perdons jamais ‘l’envie d’avoir envie !’ »

Patrice BOURSIER, curé