« À ceci, tous reconnaîtront
que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » (Jn 13,15)
Le synode sur la synodalité, c'est-à-dire sur notre manière de « marcher ensemble » avec la diversité de nos vocations, pour vivre la mission de l'Église, s'est vécu au niveau de notre diocèse et de l'Église de France.Nous entendons les attentes fortes qui se sont exprimées. Elles nous indiquent des axes de travail prioritaires.
L'itinéraire synodal évoque et suscite des multiples espérances.
Sur notre diocèse, ce sont près de 1.700 personnes qui ont produit plus de 390 fiches de contributions. Une synthèse a été réalisée. On peut la trouver sur le site du diocèse de Luçon.
L’Église de France a rassemblé toutes les contributions diocésaines. Les 14-15 juin, à Lyon, nos évêques, accompagnés de laïcs, ont relu la synthèse nationale. Dans une lettre adressée aux catholiques de France, ils se réjouissent de ce chemin synodal qui a été vécu, tout en étant conscients « que le processus synodal n'a pas atteint tout le Peuple de Dieu en particulier les jeunes générations. »
Cette lettre met en lumière des perspectives qui sont apparues dans les diverses expressions diocésaines, dont celle de notre diocèse.
« Nous entendons les attentes fortes qui se sont exprimées. Elles nous indiquent des axes de travail prioritaires » :
· Mieux articuler la dimension humaine de l'Église, très présente dans la collecte avec sa nature sacramentelle.
« Il faut ‘débrancher’ la mission de sa seule pratique religieuse. Une communauté qui s'enferme dans ses églises n'est plus missionnaire. »
· Se saisir de ce que la collecte dit de la souffrance et des attentes des femmes dans l'Église, alors qu'elles sont nombreuses dans les instances ecclésiales.
« Les femmes ont beaucoup de difficultés à faire entendre leur point de vue ; leur place n'est pas toujours reconnue, et pas toujours très claire. »
· Écouter l'inquiétude exprimée pour les prêtres et les conditions d'exercice de leur ministère.
« Des prêtres sont en souffrance et seuls ; qui les soutient et les accompagne ? Il est indispensable de décharger les prêtres des tâches administratives pour leur permettre de vivre leur mission de pasteurs au cœur du monde. »
· Comprendre l'apparent décalage entre ce qui est le ministère des prêtres et ce qui est attendu concrètement d'eux.
« L'autorité du prêtre peut parfois empêcher la prise de parole. Leur attitude peut aussi bloquer et être source de non-dits. Il leur manque parfois le temps nécessaire ou n'ont pas la volonté de concerter avant de décider. »
· Mieux identifier les raisons pour lesquelles la liturgie demeure un lieu de tensions récurrentes et contradictoires.
« La compréhension de la messe est difficile... » « Dans nos assemblées dominicales, on se côtoie, on a des attitudes différentes, mais on ne dialogue pas. »
L'itinéraire synodal évoque et suscite des multiples espérances.
· Qu'un grand nombre puisse faire l'expérience de l'écoute de la Parole de Dieu comme créatrice de ‘fraternités’ dans le Christ pour un nouvel élan missionnaire.
« Favoriser des lieux de partage de la vie des gens, de partage de la Parole de Dieu.»
« Des expériences de célébrations de la Parole sont appréciées et nous encouragent à les poursuivre pour faire vivre nos communautés rurales, pour sanctifier le dimanche. »
Marcher ensemble…
· Que la synodalité devienne le style ordinaire de la vie de l'Église.
« Notre équipe de chrétiens, accompagnée par un prêtre, chemine avec joie depuis 40 ans dans la confiance, la sérénité et le respect de chacun: ces prêtres nous ont aidés à rester fidèles à notre baptême et à grandir en nous transformant. »
Que nos communautés apprennent à marcher au pas des plus petits et des plus pauvres et que leur participation devienne le sceau de la fraternité.
Que la diversité ou la complémentarité des missions, des charismes et des dons dans l'Église soit plutôt source de joie que de concurrence.
« Être proche des personnes en difficultés, des personnes en situation de handicap : prendre du temps, leur faire confiance, pour les écouter dire leurs besoins, leurs rêves, en leur laissant toute leur place, dans nos équipes, nos célébrations. »
· Que la diversité ou la complémentarité des missions, des charismes et des dons dans l'Église soit plutôt source de joie que de concurrence.
« Chacun a ses dons, chacun est appelé à participer à la mission de l'Église... en essayant de vivre les valeurs évangéliques comme prêtre, prophète et roi. Chacun a un rôle à jouer. »
· Que soit mieux reconnue et vécue la complémentarité des états de vie0: les ministères ordonnés, les personnes mariées, les veuves et les veufs, les célibataires et les consacrés.
« Travailler pour l'unité dans l'Église dans la diversité et non pour l'uniformité. Donner aux consacrés la parole pour entendre ce qu'ils/elles ont à nous dire des richesses liées à leurs charismes. » « Les diacres ! C'est peut-être un gisement insuffisamment exploré... »
À ce stade, disent les participants à cette assemblée de Lyon, nous sommes conscients de l'absence de certains sujets : l'un des termes centraux du synode, la mission, est peu présent... Nous avons à entendre d'autres ap
pels urgents où les chrétiens ont un témoignage à donner : les grands enjeux de la société, les divers modèles anthropologiques proposés, l'écologie intégrale, la solidarité internationale... Nous constatons également que la famille comme lieu d'apprentissage de la fraternité n'est pas évoquée.
Ils ajoutent ceci pour conclure cette lettre : « Une telle expérience (le vécu dans les diocèses) dissipe les peurs qui éloignent des autres et freinent le travail d'écoute et de prise en compte des paroles et des vies. Elle est source de joie : des chemins se sont ouverts en nos cœurs. »
La synthèse faite au niveau national et la lettre des évêques sont disponibles sur le site de l'Église de France. Ce qui est en italique est tiré de la synthèse diocésaine.■
Alphonse LIMOUSIN, prêtre