Lettre de Mgr François Jacolin, évêque de Luçon
Plus d’un an de confinements ou de
périodes de « distanciation sociale » à cause de la pandémie !
Et, si la saison de l’été apporte une amélioration pour reprendre les contacts
humains d’une façon plus détendue, nous ne sommes pas sûrs de profiter
longtemps de ce répit.
Cette épreuve nous a touchés en
profondeur, sans doute plus que nous le croyons, avec une dégradation des
relations que nous avons les uns avec les autres.
Les précautions sanitaires,
justifiées pour éviter d’être vecteurs de la propagation du virus, ont parfois
dégénéré en méfiance de l’autre et en soupçon systématisé. Le confinement, en
nous repliant sur nous-même, a pu affaiblir en nous « le goût des autres ».
La peur, l’incertitude devant
l’avenir, l’enfermement sur soi-même, l’ennui et le mal-être générés par la
pandémie ont conduit à beaucoup d’agressivité : littéralement, on en vient à «
ne plus supporter les autres », que ce soit en famille, au travail ou en
Église.
Alors quel remède pour retrouver des
relations plus vraies et plus apaisées ? Il est contenu dans le fruit de
l’Esprit que saint Paul nomme « bienveillance » dans sa lettre aux Galates.
MAIS QU’EST-CE QUE LA BIENVEILLANCE
?
Elle n’est pas ce qu’elle est
devenue dans les formules épistolaires lorsqu’on « sollicite la
bienveillance » de celui dont on attend une faveur. C’est là une
expression toute faite où la bienveillance sollicitée est dégradée en
condescendance.
Elle est plus que la gentillesse qui
peut être une façon douce de « se défiler » devant l’autre, sans se laisser
déranger par lui, ou du moins, une façon de vouloir faire plaisir à l’autre
plutôt que de rechercher son bien véritable.
On peut souligner avec Aristote
qu’elle n’est pas l’amitié, qui suppose la réciprocité ; mais qu’il n’y a
pas d’amitié s’il n’y pas eu d’abord la bienveillance qui nous prédispose à
accueillir d’une façon favorable celui que nous rencontrons.
Elle n’est pas non plus la
compassion qui nous rend sensible au malheur de l’autre. Mais il n’y a pas
compassion sans une attitude préalable de bienveillance qui nous rend attentif
à ce que vit celui que nous rencontrons.
ALORS QU’EST-CE QUE LA BIENVEILLANCE
?
Risquons une définition. La
bienveillance est la bonté appliquée à nos relations concrètes avec tout frère
et toute sœur en humanité. Elle est une disposition de la volonté qui incline à
voir ce qu’il y a de bon en celui que nous rencontrons et qui cherche à agir en
toute circonstance pour son bien.
La bienveillance comporte donc deux
faces : tout d’abord un accueil favorable « a priori » de celui que
nous rencontrons en cherchant à rejoindre ce qui est bon en lui ; ensuite une
recherche constante de son bien dans toutes nos relations avec lui.
Plus qu’un sentiment, la
bienveillance est une inclination de la volonté, une attitude morale qui nous
engage envers l’autre. Comme toute attitude morale, elle repose sur des
dispositions naturelles qui se travaillent pour être développées consciemment et
devenir un « habitus » positif. La bienveillance est en germe dans la
conscience naturelle de chacun, mais elle doit être cultivée pour se déployer
en acte et en vérité.
En définitive la bienveillance
trouve toute sa fécondité en harmonie avec les autres dimensions du fruit de
l’Esprit énumérées par saint Paul :
Voici le fruit de l’Esprit : amour,
joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de
soi. (Galates 5, 22-23)
À
Luçon, le 29 juin 2021,
en la fête de saint Pierre et saint Paul
+
François JACOLIN
Évêque de Luçon
Dieu
Amour
qui
nous a créés et nous appelle à vivre en frères,
donne-nous
la force d’être chaque jour des artisans de paix ;
donne-nous
la capacité de regarder avec bienveillance
tous
les frères que nous rencontrons sur notre chemin.
Pape
François, prière pour la paix