L’avenir de nos paroisses : un regard d’espérance

Dieu veut que nous soyons heureux comme chrétiennes, comme chrétiens dans la situation qui est la nôtre.
Aujourd’hui, que puis-je faire, quel petit pas puis-je faire pour mieux aimer comme Jésus nous a aimés ?
Commençons par un euphémisme : la société change ; l’Église change. Et il faut ajouter : vite ! Les évolutions de notre monde peuvent réjouir, par exemple concernant la condition de la femme, ou bien donner le vertige, par exemple certaines lois sur la bioéthique ou les projets de loi sur la fin de vie. Il en va de même pour l’Église. Il est heureux que les fidèles-laïcs (et particulièrement les femmes) aient davantage de place dans la conduite et l’animation de nos communautés. Mais il peut être inquiétant de voir monter, ici ou là dans l’Église, un certain radicalisme, religieux ou même politique, ou de constater un fossé toujours plus grand avec les classes populaires ou encore de repérer des tendances communautaristes (des chrétiens se renfermant entre chrétiens dans une condamnation sans nuance du reste du monde).

Un autre constat plus évident encore et plus ancien peut assombrir le tableau : l’effondrement de la pratique religieuse et du nombre des vocations particulières (prêtres et religieux-religieuses). C’est une figure de l’Église qui passe. On peut s’en désoler ou même s’en alarmer, mais est-ce bien le regard que Dieu porte sur notre situation de chrétiens devenus minoritaires, depuis des décennies déjà ?


Tout d’abord – et j’ai déjà eu l’occasion de le dire – Dieu ne nous a jamais demandé de remplir les églises, les séminaires ou les couvents. Ce qu’il attend de nous, c’est que nous vivions l’Évangile. Tout cela, nous le savons de source sûre, c'est-à-dire de Jésus. On ne peut pas dire qu’il ait parlé et agi afin de faire du chiffre au cours de sa vie terrestre. Il s’est retrouvé seul au pied de la croix.

Nous ne sommes pas toujours sûrs de connaître la volonté de Dieu. Mais nous savons – encore une fois, de source sûre – qu’il attend que nous vivions l’Évangile. Tout le reste nous est donné de surcroit, y compris les vocations particulières.

Ce dont on est sûr également concernant la volonté de Dieu, c’est qu’il veut que nous soyons heureux comme chrétiennes, comme chrétiens dans la situation qui est la nôtre.

Vivre l’Évangile, c’est toujours de cela qu’il faut partir. Vivre mieux l’Évangile suppose de suivre le Christ de plus près. Or – et ce n’est pas qu’une image – plus on suit quelqu’un de près, moins on voit devant. Les premiers disciples, en suivant Jésus sur les routes de Palestine, ne voyaient pas trop où il les conduisait. Ils en étaient même venus à douter de lui. Ils craignaient l’avenir. La suite a montré qu’ils avaient eu tort.

Nous ne devons pas craindre l’avenir. Nous devons craindre plutôt de ne pas faire le pas que nous pouvons faire chaque jour à la suite de Jésus. C’est la question qu’il faut se poser quotidiennement : «Aujourd’hui, que puis-je faire, quel petit pas puis-je faire pour mieux aimer comme Jésus nous a aimés?» Ce qui suppose d’apprendre à le connaître et à l’aimer sans cesse davantage. C’est en vivant l’Évangile que Dieu nous donnera ce dont nous avons besoin, que ce soit personnellement ou communautairement. «Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père » (Évangile selon saint Jean au chapitre 4) nous dit le Christ. Notre nourriture, notre joie, c’est bien de faire la volonté du Très-Haut. Ce n’est pas de constater qu’il y a plus de monde dans nos églises. …/…



 Quand les églises étaient pleines, les communautés chrétiennes accomplissaient-elles davantage la Parole de Dieu ? Le Seigneur seul en est le juge.

L’aventure chrétienne est l’Aventure par excellence. Pas de plus grand défi dans nos existences que celui qui consiste à grandir dans l’amour de Dieu et de nos frères et sœurs. Et cette croissance spirituelle se poursuit jusqu’à notre dernier souffle. C’est pourquoi, la vie est précieuse jusqu’à son terme. Oui, l’aventure chrétienne nous tend les bras, aujourd’hui comme hier. Soyons des aventuriers de Dieu et il nous comblera au-delà même de ce que nous espérons !

Patrice BOURSIER, curé

Dans ce bulletin, nous donnons la parole à des personnes ou à des couples. Certains nous relatent les évolutions qu’ils ont connues au long de leur vie, particulièrement dans leur vie ecclésiale. À d’autres, nous avons demandé qu’ils nous parlent de leur rapport avec leur communauté chrétienne, aujourd’hui, dans la situation qui est la leur (situation conjugale, familiale… etc.). Merci à eux d’avoir bien voulu partager un peu de ce qui fait leur vie d’hommes et de femmes, de croyants et de croyantes. 

 Patrice BOURSIER, curé

 C’était mieux avant ?


 Né en 1949, en Normandie, j’ai connu dans mon enfance et mon adolescence la pratique religieuse d’avant le concile Vatican II. Le prêtre était omniprésent et omnipotent dans la paroisse ; tout passait par lui, en particulier le catéchisme avec messes obligatoires. Le Concile et la « révolution » de 1968 (il était « interdit d’interdire »), ont apporté une profonde modification de la pratique religieuse. Depuis mon arrivée en Vendée, j’ai donc connu la mutation de la vie paroissiale : diminution du nombre de prêtres, de la pratique religieuse dominicale, du nombre d’offices religieux, organisation de célébrations de la parole, regroupement des paroisses et des prêtres, prise en charge des sépultures par des laïcs, ordination de diacres, salariat de laïcs au service de la paroisse. Les laïcs ont pris conscience de leur nécessaire implication dans la vie de la paroisse. Le prêtre n’est matériellement plus capable de tout assumer comme par le passé. Pour moi, être chrétien aujourd’hui n’est plus une évidence ; c’est vraiment un choix personnel avec une recherche permanente. Rien ne me semble acquis définitivement. La lecture de la Bible a pris une très grande importance. Les propositions paroissiales ou diocésaines d’approfondissement des textes bibliques ou de réflexion sur des sujets de société se sont multipliées ces dernières années.

Je trouve que l’évolution de l’Église depuis le concile m’a permis de m’approprier personnellement le message du Christ. Je ne regrette pas l’époque de l’hégémonie passée de la religion catholique dans la société et son emprise sur les individus. Je voudrais également insister sur l’importance de l’éducation chrétienne : je suis chrétien et catholique en premier lieu parce que j’ai reçu une éducation chrétienne solide ; on m’a enseigné la tolérance dès le plus jeune âge et la nécessité, même en période de doute, de savoir toujours être en recherche sur le plan spirituel. Si je n’avais pas eu ces bases éducatives, aurais-je eu les moyens de faire ce choix ? L’enseignement de l’Église ne se résume pas à un catalogue de principes moraux et d’interdits. L’adhésion au « magistère » est libre et éclairée. Travailler avec discernement et réalisme à l’avènement du règne de Dieu dès maintenant, avoir foi dans la « Bonne Nouvelle » de l’accueil inconditionnel de Dieu à la fin de notre vie et croire en notre résurrection, voilà ce qui peut apporter une sérénité lucide dans ma vie.

JEAN-LOUIS - Mouchamps


Parfois choisir entre sa famille et la participation à la vie de la paroisse

Je vis dans la paroisse depuis mon enfance et y ai été assez investie par le passé, au travers des propositions faites aux enfants et des appels dans diverses démarches paroissiales. Au fil des ans, mes disponibilités ont changé et selon les départs des uns et des autres, mes liens avec la paroisse ont évolué, devenant plus limités. Je participe désormais, essentiellement à la préparation des confirmands et aux messes dominicales. La messe reste un temps important de soutien pour ma foi, par la relecture, la prière. J’apprécie d’y retrouver des proches, des paroissiens qu’on salue d’année en année. J’apprécie aussi cet esprit communautaire dans les temps comme la marche pascale, le pèlerinage à La Ricotière. Vivant ma pratique chrétienne sans mon mari, mes enfants, ces temps de lectures, de chants et de rencontres nourrissent ma foi en Dieu. Dans un quotidien bien chargé, ce n’est pas toujours évident de choisir entre sa famille et sa participation seule, aux propositions paroissiales ; je privilégie alors ces temps plus courts ou flexibles mais toujours riches, s’il y a écoute et partage !

Ce qui me rend heureuse comme chrétienne reste la rencontre de l’autre, le partage. Alors sans vraiment avoir d’idée sur les défis à relever (quand soi-même on se questionne sur sa place au sein de cette paroisse), je souhaite surtout que nous conservions de l’accessibilité et de l’ouverture au monde pour que chacun se sente toujours partie prenante, quel que soit son parcours de foi.  

MARIE - Chantonnay

Les différents visages de l'Église au long d'une vie

Depuis soixante-dix ans je vis au sein de l'Église catholique qui m'est apparue avec des visages différents. Nous mêmes évoluons avec les étapes de la vie : l'enfance, la vie adulte puis le grand âge. Il nous faut nous adapter. 

Dans les années 1955-1960, l'Église imprègne la vie quotidienne. L'éducation, la culture, le sport avec les patronages, tout est piloté par un clergé nombreux, le curé et ses vicaires. Les fêtes religieuses rassemblent la population y compris en cours de semaine. Ainsi l'évêque venant célébrer la confirmation un jour de semaine. Pour ma part, je ne me posais pas de questions. La religion faisait partie de la vie. Tout le monde pratiquait et venait à la messe le dimanche. Le Concile Vatican II : convoqué par le pape Jean XXIII, en 1962, il a été un événement important pour notre Église. C'est le moment où j'entrais dans la vie adulte avec un investissement professionnel intense. J'ai construit une vie de famille avec la venue des enfants. Travail, vie familiale, ont laissé peu de place à la pratique religieuse. Mon lien avec l'Église s'alimente, à cette époque, via la presse. Je lis l'hebdomadaire « La Vie Catholique » devenue aujourd'hui « La Vie ». Cette lecture nourrit mon besoin de spiritualité. Elle m'ouvre et m'éclaire pour cheminer dans la foi au sein de ma vie familiale et sociale avec ses hauts et ses bas. Aujourd'hui, la pratique religieuse est marquée aux différentes étapes de la vie par la célébration de baptême, de mariage, de sépulture. Des équipes de laïcs accompagnés par un prêtre ou un diacre préparent : les jeunes parents pour les baptêmes, les futurs mariés, les familles en deuil. Des témoignages riches et émouvants émergent de ces rencontres. La diminution du nombre des prêtres marque nos communautés chrétiennes. Pourtant leur présence est importante pour nourrir et approfondir notre foi, par exemple en ouvrant la Bible. Pour que nos communautés restent vivantes, de plus en plus de laïcs s'engagent, comme la conduite de célébrations le dimanche, ce qui permet aux chrétiens de se rassembler. Je peux dire aussi que nous sommes bénéficiaires de la parole du pape François, une parole qui touche les croyants que nous sommes et bien au-delà des frontières de l’Église.

Je suis heureuse de faire partie de cette communauté chrétienne qui m'apporte force, sérénité et paix. GENEVIÈVE – Sainte-Cécile

La paroisse mais aussi d’autres lieux d’Église

 

Nous avons été questionnés sur nos liens avec la paroisse, sa place dans notre vie, ce que l’on y trouve (ou pas), ce qui nous y nourrit, son évolution, son avenir, notre appartenance au mouvement des équipes Notre-Dame. Beaucoup de questions auxquelles nous ne savons pas exactement comment répondre. La paroisse est un lieu et un groupe d’hommes et de femmes qui nous sont proches et chers. Nous aimerions donc profiter de cet espace pour rendre grâce à Dieu d’avoir une paroisse. Dire merci et dire du bien (bénir) toutes celles et ceux qui œuvrent à faire vivre notre paroisse. Bien sûr les prêtres, les diacres, les servants d’autel, les animateurs liturgiques, la chorale, les organistes, les sacristains, les catéchistes, les équipes de préparation au baptême (enfants et adultes), au mariage, l’accompagnement des familles en deuil, des malades, les animatrices en pastorale pour les jeunes, le conseil paroissial, ceux qui s’occupent de l’adoration, de la bibliothèque, l’accueil au presbytère, et bien d’autres surement encore et aussi tous ceux comme nous qui simplement sont présents chaque dimanche pour prier ensemble. Nous rendons grâce à Dieu pour tout cela, nous prions pour que notre paroisse soit un lieu de bénédiction et de joie pour tous.

Il y a aussi d’autres lieux et mouvements, extérieurs à la paroisse, qui font vivre notre foi. Pour notre part nous sommes en équipes Notre-Dame, mouvement qui veut aider les couples mariés à vivre toujours mieux et longtemps leur sacrement de mariage. Nous nous retrouvons une fois par mois à quatre ou cinq couples avec un prêtre, pour prier, partager nos difficultés, nos progrès et étudier un thème choisi pour l’année. Cela est très enrichissant pour notre vie de couple. 

 LAURENCE et ALBAN - Saint-Prouant