« Un enfant nous est né »
Dans le livre du prophète Isaïe (lu dans la nuit de Noël)
À l’approche de Noël, il nous a semblé évident de nous arrêter, dans ce bulletin, sur l’accueil dans nos familles de l’enfant à naître ou déjà né.
Notre Dieu et Père, créateur de toutes choses, a voulu partager à toutes ses créatures vivantes son pouvoir, si mystérieux et si merveilleux, de faire jaillir la vie.
Mais pour que la nouvelle d’une naissance soit vraiment une heureuse nouvelle, il faut justement qu’elle soit accueillie comme tel par bien plus large que la famille.
Les chrétiens ont le devoir, bien sûr, de se réjouir aussi de la venue d’un enfant qui ne sera peut-être pas baptisé.
Les émotions et les conséquences que suscitent l’attente et la venue d’un enfant sont d’abord vécues dans l’intimité de la famille. Mais elles finissent, bien sûr, par dépasser le cadre familial. Les nouvelles vont vite, comme on dit. Et quand ce sont d’heureuses nouvelles, elles débordent sans même qu’on puisse les contenir. C’est ce qui arrive à un grand frère ou une grande sœur qui « lâche » en pleine classe, à l’école, le secret, bien gardé jusqu’alors.
Mais pour que la nouvelle d’une naissance soit vraiment une heureuse nouvelle, il faut justement qu’elle soit accueillie comme tel par bien plus large que la famille. Pour nous, les chrétiens, la communauté tout entière est invitée à se réjouir de la venue d’un nouveau-né. Elle le fait particulièrement lors d’un baptême où l’enfant est reconnu comme un nouveau membre de cette famille bien plus large que la famille de sang. Il arrive que l’on donne corps à cette réalité en accueillant à la fin de la messe, le jour du baptême, la famille avec l’enfant, le parrain et la marraine. Les chrétiens ont le devoir, bien sûr, de se réjouir aussi de la venue d’un enfant qui ne sera peut-être pas baptisé. Aucun être n’entre dans ce monde sans que Dieu le veuille et s’en réjouisse ! Même s’il peut ne pas se réjouir de la manière dont il est venu. Pensons, en premier lieu, aux enfants nés suite à un viol.
Le fait d’attendre un enfant n’est pas toujours, malheureusement, reçu, initialement au moins, comme une bonne nouvelle. Il ne faut pas oublier qu’avant les méthodes modernes de régulation des naissances, il n’était pas rare que les familles qui vivaient chichement, ressentaient comme un malheur leur tombant dessus, l’annonce d’une grossesse supplémentaire. Et, de tous temps, même dans les familles aisées, l’enfant qui se présentait, a pu vivre ce que Jésus a vécu et que résume ainsi l’évangéliste saint Jean : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (chapitre 1 ; passage que nous lisons le jour de Noël). Quand un enfant arrive, c’est toute la société qui doit se sentir concernée. C’est à elle aussi de créer les conditions optimales pour qu’il puisse être véritablement un bienvenu.
Il y a les couples pour qui le malheur, c’est de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Qu’ils sachent que donner la vie, mettre de la vie dans un monde qui manque parfois de raisons de vivre, peut se faire simplement par le rayonnement de leur amour. Là encore, la société a la responsabilité que toutes et tous, d’une manière ou d’une autre, aient leur propre fécondité.
Un grand merci à celles et ceux de nos deux paroisses qui, partageant ou non notre foi, ont accepté de témoigner de ce qu’ils vivent comme jeunes parents (d’aujourd’hui ou d’hier) ou comme (bientôt) grand frère ou grande sœur.
Patrice BOURSIER, curé
Notre premier enfant arrive !
L’aventure de la parentalité a commencé bien avant que bébé vienne faire son nid. En effet, en nous mariant, il y a un peu plus d’un an, nous faisions le choix de fonder notre famille par la suite. À Noël dernier, nous faisions le vœu que pour Noël prochain nous soyons trois. Nous avons eu la chance que notre vœu se réalise assez rapidement. Au retour de notre voyage de noces, nous avons eu la surprise qu’un petit être venait de prendre place dans nos cœurs. S’ensuit tout un chemin de questionnement, ce que nous souhaitons à notre enfant et dans quel cocon familial nous souhaitons le voir grandir...
Les mois passent et la présence de bébé devient de plus en plus concrète. Le corps évolue et nous montre, un peu plus, chaque jour, que notre vie est en train de changer. Les professionnels de santé nous accompagnent dans cette nouvelle aventure, ils nous montrent toutes les possibilités que nous avons devant nous. Alors bien-sûr, il y a ce que nous imaginons et ce que nous souhaitons et puis, il y a le petit être qui pointera le bout de son nez bientôt et qui nous fera sûrement changer d’avis sur plein d’aspects. Toute la difficulté est là : prévoir, anticiper, imaginer, souhaiter ; sans vraiment savoir ce qui nous attend.
Nous avons rendez-vous avec l’inconnu dans quelques jours et un millier de questions subsistent encore dans nos esprits : à qui va-t-il ressembler0? Que va-t-il aimer ? Dans quel monde va-t-il grandir ? La question de l’actualité nous inquiète également, il va nous falloir trouver des solutions pour élever notre enfant dans la bienveillance et le respect d’autrui. Tic-tac, tic-tac… pour le moment, nous nous situons entre un sentiment d’impatience et d’excitation. La seule chose dont nous soyons sûrs c’est que l’esprit de Noël, cette année, n’aura pas la même magie…
VICTORINE et ROMAIN - Bournezeau
J’aurai bientôt un petit frère ou une petite sœur…
J’ai appris au cours de l’été que maman et papa attendaient un bébé pour le début d’année 2025. Au début je n’ai pas trouvé que c’était une bonne nouvelle. J’avais peur du changement et de ne plus avoir
ma chambre que pour moi. Et puis à force d’en discuter avec mes parents, ma famille et mes amies qui sont déjà grandes sœurs, j’ai fini par accepter, être rassurée et finalement voir les choses de façon positive : je ne serai plus la seule enfant de la maison, je pourrai jouer avec quelqu’un au quotidien (autre que mes parents) et surtout je pourrai partager beaucoup de choses grâce à mon rôle de grande sœur. Maintenant j’ai hâte que le bébé arrive pour agrandir la famille et lui donner plein d’amour !
APOLLINE (10 ans) - Boulogne
Nous ne voulions pas d’enfants mais…
Nous nous sommes rencontrés tard, nous avions tous les deux 30 ans passés. C’est la première raison qui nous faisait dire que nous ne voulions pas d’enfant. Ensuite, nous avions beaucoup voyagé, fait une reconversion professionnelle avec un 'retour à la terre' qui nous a ouvert un peu plus les yeux sur notre environnement, avec une vision assez pessimiste du monde ou un monde qui ne nous convenait pas : le capitalisme, l'ultra-consommation, sur fond du dérèglement climatique, avec l'effondrement des espèces qui s'ensuit.Heureux les ignorants... Plus personnellement, les déceptions amoureuses passées et l’engagement que représente l’arrivée d'un enfant étaient une raison de plus de ne pas en vouloir. Pour ma compagne, cela engendrait d'autres questionnements plus personnels.
Mais le jour où elle a ressenti l'envie d’être maman, que son instinct maternel prenait le dessus sur tout, nos discussions ont changé de sens. Une fois la contraception arrêtée, je me disais que de toute façon ça prendrai sûrement du temps... Mais non ! Le bébé a saisi la première occasion, et, après la première échographie, un soleil est arrivé dans notre vie.
Le PAPA
Leur petite sœur est arrivée
Pour Léopold, Ernest et Honoré, l'arrivée d'une petite sœur apporte de la joie à la maison mais aussi des bouleversements : « Ça fait plus de monde, plus de bruit car Jeanne réclame souvent à manger, alors elle pleure, même la nuit et puis papa et maman sont plus occupés avec le bébé. On attendait avec impatience l'arrivée de Jeanne ; on a été content de l'annoncer aux copains et aux copines. On peut s'en occuper un petit peu, la porter ; on lui fait des câlins et des bisous ; on assiste au bain ; on lui parle et quand elle pleure, on lui met de la musique. Bientôt, c'est Noël. Pour la famille, c'est Noël avant l'heure car Jeanne, c'est notre cadeau à nous. »
Famille BAZIN - Bournezeau
Avoir quatre enfants dans un monde à l’avenir incertain
Nous avons toujours souhaité avoir une petite tribu d'enfants proches en âge, nous voilà aujourd'hui les heureux (et souvent fatigués, il faut l'admettre) parents de Louis 8 ans, Juliette 6 ans, Jean 4 ans et demi et Aubin 3 ans. Nous travaillons tous deux, sommes professeurs (des écoles et de physique chimie) et vivons donc entourés par la jeunesse.
Être parents a sûrement toujours été un défi, quoique probablement moins questionnant pour les générations passées. De nos jours, c'est sûrement, en prime, une bénédiction et à la fois un renoncement consenti. …/… Une bénédiction parce qu'il s'agit de choix assumés (les moyens de contraception ont révolutionné la maternité) et réfléchis (la question écologique et économique se pose), et que de fait, cela questionne et remue bien souvent. Notre génération de parents, me semble-t-il, est en perpétuels questionnements, se doit d'être bons parents, bons travailleurs/ses, bons/nes époux/ses, sains de corps (hygiène alimentaire et physique) et d'esprit (éveil personnel)... cela génère parfois anxiété et bouleversement interne entre nos convictions et valeurs, et la réalité de la faisabilité. Avoir des enfants dans cette époque si intense et dense d'informations (pas toujours essentielles) nous renvoie souvent à notre impuissance, à nos questionnements profonds et nous contraints à faire des choix. Pour n'éclairer ce propos, ne serait-ce qu'à travers un seul exemple, nous sommes très sensibles au souci écologique.
Nous avons fait le choix d'avoir quatre enfants dans ce monde à l'avenir incertain, convaincus qu'il peut encore y avoir des perspectives et bouleversements intéressants et porteurs. De ce fait, nous cuisinons beaucoup, de saison et local, avons notre jardin dont nous tentons de gérer la chaîne de bout en bout (graines, semis, plantation...). Nous avons aussi utilisé des couches lavables pour nos quatre enfants, raisonnons nos déplacements, achetons en seconde main (jeux, vêtements...) ; bref nous tentons de faire le maximum avec les moyens qui sont à notre portée. Cela demande du temps, de l'énergie et une organisation sans faille. Être parents cela questionne notre rapport au monde, puisque nous lui laissons une descendance : quels citoyens seront nos enfants dans le monde de demain ? Quel monde et défis laissons-nous aux générations futures ? Dans quelle dynamique peut-on s'installer pour que cela soit pérenne et harmonieux pour tous ?
Être parents est donc une bénédiction car cela nous force à nous plonger dans ces réflexions et à trouver, ou du moins tenter, des chemins de réponse. C'est relever le défi quotidien de gestion de tous les champs de notre vie dans un monde à mille à l'heure. C'est aussi faire des choix pour l'équilibre de tous, qui nécessairement auront un impact.
Nous ne privons pas nos enfants d'écrans, de sucreries ou d'activités de consommation (tours de manèges...), mais privilégions la qualité à la quantité, bien que cela impacte nécessairement leur culture et peut créer un décalage avec d'autres camarades. Nous faisons le choix de vivre un maximum dehors, par tous les temps, car la vie s'y trouve, mais avons conscience que cela n'est que notre point de vue.
Être parents reste tout de même une bénédiction avec des moments intenses de partage, de joie, de tendresse et de bonheur et c'est aussi en cela que la foi nous aide en nous rappelant, comme le fait Jésus tout au long de sa vie, que le moteur de la vie est l'amour. L'amour de soi, des siens et des autres, qui permet de surmonter toutes les difficultés, qui permet de garder espoir dans les moments de doute et de tristesse, qui nous réunit et fait qu'ensemble nous sommes plus forts. L'amour que portent les enfants est inconditionnel, spontané et sincère, il n'est pas soumis aux préjugés ou à la méfiance face à la différence, mais au contraire nourrit leur curiosité, tel que nous l'enseigne Jésus à travers la Bible.
Jésus nous invite à être soi, être vrai, dans la bienveillance et la justice, pour faire des actions en accord avec nos valeurs (et non l'inverse souvent prôné par le consumérisme : fais, possède et tu seras). Être parents aujourd'hui : un défi, un renoncement consenti et une bénédiction par l'amour que cela apporte.
MARIE et François – Sainte-Cécile
Accueillir un enfant en situation de handicap
Justine est notre seconde fille de 10 ans, entourée de sa sœur Marilou (13 ans) et de son frère Simon (4 ans). Quelques mois après sa naissance, les médecins confirment son polyhandicap, ce que nous pressentions. À ce jour, aucun diagnostic n’est posé. Justine est totalement dépendante, pour se déplacer, s’habiller, manger, et ne sait pas parler.
À la suite de cette annonce médicale, nous traversons une période difficile. Nous nous soutenons mutuellement, entourés de nos proches. Une fois les angoisses apaisées, toute la famille se remobilise pour se donner de l’espoir. Il nous est évident que Justine a des compétences à développer.
Depuis ses 2 ans, elle participe donc à de nombreuses thérapies. Elle y progresse à son rythme, encouragée par toute la famille. Au quotidien, Justine n’ayant pas accès à la parole et aux gestes, chacun est attentif à ses regards et attitudes pour comprendre ses besoins. Des petites routines se sont installées avec son frère et sa sœur, leur complicité s’y construit.
Comme partout, Marilou et Simon peuvent se chamailler, mais jamais avec leur sœur avec laquelle ils sont bienveillants. Ils comprennent aussi que les activités familiales doivent être adaptées pour intégrer Justine. À nous, parents, de garder des temps privilégiés avec chaque enfant. Justine est de nature joyeuse, elle ne se plaint jamais inutilement. À travers plusieurs rencontres, nous mesurons notre chance de ne pas la voir trop souffrir.
À l’extérieur du cercle familial, certains regards insistants peuvent être blessants, ils renforcent notre solidarité autour de Justine. Bien sûr, l’avenir nous interroge. Quelle sera son évolution ? Quelle prise en charge ? Il est parfois nécessaire de rassurer la grande sœur Marilou qui a compris seule, et très tôt, son rôle futur. Il faut également préserver l’insouciance du petit frère Simon. Nous, parents, devons rester optimistes en regardant les étapes déjà franchies.
YOANN et LUDIVINE - paroisse de Saint Vincent de Chantonnay
Avoir des enfants il y a 70 ans
Il y a soixante ou soixante-dix ans, ce n'était pas comme aujourd’hui. Les enfants, on ne les « programmait » pas ; on se mariait et les enfants arrivaient et puis voilà... La contraception n'existait pas.
Il arrivait souvent un enfant par an, mais chaque enfant était accueilli et aimé.
Plusieurs générations vivaient sous le même toit, ce qui allégeait le travail de la maman, car pas de lave-vaisselle, ni de lave-linge et, en plus, il y avait le travail de la ferme. On vivait avec les grands parents, des oncles des tantes dans une ambiance joyeuse, malgré tout.
Aujourd'hui, avec une grande famille, enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants sont heureux de se retrouver. Les fêtes et les rassemblements sont attendus avec impatience. Ils sont l'occasion de revoir ceux qui sont au loin. Merci mon Dieu pour cette grande famille !