Les malades et ceux qui les accompagnent
Le dimanche 9 février sera la journée mondiale de prière pour les malades. On appelle aussi ce dimanche, le « dimanche de la santé » et il a lieu tous les ans. Cette date a été choisie en fonction de sa proximité avec le 11 février, jour anniversaire de la première apparition, en 1858, à Lourdes, de Marie à Bernadette. Et nous savons que Lourdes est un haut lieu pour les malades.
Les personnes malades sont bien à même de nous aider à reconnaître que nous sommes – bien qu’en bonne santé apparente – fragiles, vulnérables et dépendants et qu’il nous faut nous laisser aider, nous laisser sauver par le Seigneur.
Le sanctuaire de Lourdes est parfois associé aux guérisons miraculeuses. Et pourtant soixante-dix guérisons seulement y ont été reconnues miraculeuses par l’Église depuis que les pèlerinages ont vraiment commencé, c'est-à-dire depuis 160 ans. Au regard des millions de pèlerins (et donc de malades) qui, chaque année, se rendent à Lourdes, c’est bien peu.
Si Dieu a le pouvoir de rendre la santé, pourquoi ne le fait-il pas pour toutes les personnes malades, accidentées ou handicapées ? Il n’y a pas de réponse satisfaisante à une telle question. Jésus, le Fils de Dieu, n’a pas guéri toutes les personnes souffrantes de cette Palestine où il est né et qu’il a parcourue, à pied, pendant trois ans. Et surtout, il a lui-même choisi de souffrir, et de souffrances atroces, en mourant sur une croix. Il l’a fait pour ne pas renier Dieu son Père ni son amour pour tous les humains, y compris pour ceux qui l’ont mis à mort. Dieu n’a pas un regard lointain et indifférent aux souffrants. Il a voulu vivre lui-même la souffrance.
La vie de Bernadette a été bouleversée et transformée par la rencontre qu’elle a faite de la Vierge Marie au cours des dix-huit apparitions qui se sont échelonnées du 11 février au 16 juillet 1858. Bernadette a été comblée par Dieu bien au-delà de ce qu’elle attendait en ce monde. Et pourtant Bernadette n’a jamais été guérie de son asthme.
Ainsi, on ne peut souhaiter à personne d’être malade mais on doit souhaiter à toutes et à tous de connaître et de fréquenter des malades. Fréquenter des malades pour recevoir d’eux, pour recevoir ce qui vient de Dieu. Et pour recevoir le don de Dieu, il faut se reconnaître soi-même fragile, vulnérable, dépendant. Les personnes malades sont bien à même de nous aider à reconnaître que nous sommes – bien qu’en bonne santé apparente – fragiles, vulnérables et dépendants et qu’il nous faut nous laisser aider, nous laisser sauver par le Seigneur.
Accueillons, dans cet esprit, les témoignages qui nous sont proposés dans ce bulletin, témoignages de personnes malades ou de personnes qui les accompagnent au jour le jour. Merci à elles. Merci Seigneur, pour les malades et pour Jésus qui nous a appris à recevoir d’eux.
Patrice BOURSIER, curé
On a découvert un cancer à mon amie
L’année 2024 a été très compliquée pour une amie à qui on a découvert un cancer. Nous savons que la maladie peut frapper à tout moment mais, très souvent, on n’imagine pas que ses proches puissent être confrontés à la maladie grave. Lorsque mon amie nous a annoncé sa maladie et ce que cela impliquait (arrêt maladie pour se soigner, chirurgie, traitements anti cancéreux pendant une année, effets secondaires…), j’ai été à la fois bouleversée et révoltée. Pourquoi elle, pourquoi si jeune…. ? Puis il y a le temps de la prise de conscience, l’acceptation, le besoin de soutenir cette amie en souffrances. Mon amie n’avait pas d’autre choix que de faire face et je me suis dit que mon rôle était de la soutenir au mieux, elle et son mari.
Beaucoup de questionnements se sont présentés à moi : Comment être attentionnée mais ne pas être envahissante… avoir les mots justes pour ne pas blesser et en rajouter aux souffrances… demander des nouvelles mais ne pas parler que de ça… proposer aussi des moments de partage, de joie, de bonheur… ne pas oublier celui qui partage sa vie et qui souffre aussi à sa manière : ce rôle de l’aidant, rôle pas toujours facile et pas toujours reconnu… ce que je pensais bon pour mon amie, était-ce vraiment ce qu’elle attendait ? Tout au long de ces mois difficiles pour elle, j’ai voulu exprimer mon amitié, lui dire que j’étais à ses côtés tout en essayant d’être discrète. Les petits messages écrits ont été bien utiles parfois pour rester en lien sans obliger mon amie à rentrer en relation si elle n’en ressentait pas l’envie. Elle exprime des périodes d’espoir et aussi de désespoir, de longues attentes de résultats, les allers et retours à l’hôpital rappelant sans cesse que l’on porte l’étiquette de ʺmaladeʺ. J’observe chez elle ce courage de ne pas se laisser anéantir mais d’aller chercher des soins de confort pour soulager son corps meurtri et de se donner les moyens de garder la forme malgré tout. Elle exprime son cheminement spirituel au fil des mois. Voilà déjà une année, la fin des traitements, les derniers examens et la bonne nouvelle juste avant Noël : Tout va bien. Quel magnifique cadeau pour elle, son mari et ses enfants !
Je suis réellement soulagée et heureuse pour elle. Tout au long de cette année 2024, j’ai accompagné mon amie du mieux que j’ai pu, grâce à mon expérience professionnelle de soignante et surtout avec mon cœur. Lors d’une soirée où elle fait le choix de rassembler famille et amis, elle exprimera à tous sa très grande gratitude. Je peux dire aujourd’hui qu’elle m’a nourrie de son expérience et que cela a fortifié notre amitié. Merci mon amie.
LILIANE – Paroisse Saint-Vincent-de-Chantonnay
Accompagner un malade, c’est aussi un chemin spirituel
Accompagner un malade. Et si c'était le malade qui faisait se retourner la situation ? Voilà douze ans que la maladie s'accroche à mon conjoint dépendant. Avancer, une nécessité. Vers où ? Le subconscient prend le relais. Les très proches voient clair assez vite, sont inquiets. Le diagnostic tombe : Parkinson atypique ? Les galères, les hospitalisations, hébergements temporaires, de février à juin 2018. Les
jambes ne le portent plus ; il ne mange plus. Cela entraîne fatigue et angoisses. Je reste assommée.

…/… IL m'apprend à voir mon conjoint comme LUI nous apprend à voir les malades, par Sa vie, relayée dans les Écritures. Et les Écritures, j'y passe beaucoup de temps. Et c’est ainsi que je me reconstruis par et avec LUI : juste vital.
Accompagner devient plus aisé depuis un an seulement, la maladie vécue par le malade, m'aide à grandir. Cela m’oblige, aussi, à donner sens au Mystère de la Dernière Heure, un chemin en cours.
MARIE-CHRISTINE – Paroisse Saint-Vincent-de-Chantonnay
« Je ne suis pas en colère contre ma maladie »
Cela fait vingt ans que nous vivons avec la maladie de Parkinson. Après colère, déni, dépression, nous l'avons ʺacceptéeʺ. Bien sûr elle est toujours une ennemie, mais elle n'est pas subie. On a appris à vivre avec elle sans qu'elle nous envahisse. La plupart du temps, on l'ignore. Parfois même, nous la ʺcontournonsʺ et nous rions d'anecdotes : quand il y a des oublis, des dyskinésies comiques (les mouvements involontaires de la main qui salue) des scènes d'autodérision…, etc. La maladie de Parkinson nous met parfois à l'épreuve, mais ne nous empêche pas de voir la beauté de la vie. Au contraire, elle m'a appris à la savourer et profiter de ʺmoments dorésʺ.Aujourd'hui, je ne suis pas en colère contre elle (contre sa maladie). Je ne connais pas mon avenir, ni celui de mon mari. Je ne sais pas comment cette maladie va évoluer. Je suis plus inquiète pour lui : comment va être son vécu ? Quels impacts sur sa vie quotidienne, lui qui aime tant bricoler, être dans l'action... ?
En attendant, nous vivons de projets à court et moyen terme, qui nous font avancer, nous épanouissent, nous rendent heureux. Les contraintes ne seront pas des entraves. Vivons chaque jour.
M. – Essarts-en-Bocage
Dans les deux témoignages qui suivent, Elle nous parle de sa vie dans la maladie. Il nous partage comment il a traversé, comme conjoint, cette épreuve.
Au cœur de ma maladie, j’ai reçu des ʺclins Dieuʺ
La vie vous amène de ʺl’intranquillitéʺ(cf. le livre de Marion Muller-Colard, théologienne de confession protestante). Nous le vivons tous à un moment de notre parcours. Mais parfois, cela peut nous bousculer, nous chavirer, nous immerger en eaux profondes où nous ne voyons rien. Le temps s’arrête. Comme le dit Jésus à Pierre dans l’évangile selon saint Jean (21,18) : ʺTu étendras les bras, un autre nouera ta ceinture et te mènera là où tu ne voudras pas allerʺ. C’est ce qui m’est arrivé. Et maintenant, comment faire ? Consentir à ce qui m’arrive, il n’y a pas d’autres solutions. Comme j’ai eu du temps long, je l’ai consacré tout d’abord à me soigner. La prière m’accompagnait désormais chaque jour de manière encore plus présente, plus profonde et cela me faisait du bien. Et là, je peux dire que j’ai reçu de nombreux ʺclins Dieuʺ, signes qu’il me dit sa présence, sa proximité, son soutien au cœur de l’épreuve :
- La force de continuer
- Un mari toujours présent au retour de mes traitements, - La sensation de me sentir portée par la prière de mes proches, famille et ami(e)s, des prêtres, des collègues, des sœurs du Carmel de Luçon,
- Les rencontres et des soutiens inattendus, indéfectibles,
- La joie de prendre du temps pour moi (méditer grâce à des appli comme Meditatio, me détendre grâce à de l’hypno-relaxation, faire du sport, pratiquer la cohérence cardiaque trois fois par jour…)
- Mes petites-filles et la naissance d’un petit-fils ouvrent de nouveaux horizons,
- Les lectures : l’Évangile du jour, la prière des Laudes, Sainte Thérèse, Etty Hillesum…
Un jour, un prêtre m’évoque le sacrement des malades ! Un choc. Le temps a passé et je l’ai vécu entourée de mes enfants et d’amis proches sereinement et dans la joie. Cela m’a donné de la force, oui, j’en suis convaincue en relisant les événements passés. Aujourd’hui, je ne vis forcément plus comme avant. La prière m’est devenue indispensable. Et répéter jour après jour : ʺJésus, j’ai confiance en Toiʺ.
ELLE – Paroisse Saint-Vincent-de-Chantonnay
ʺJ’ai trouvé dans cette épreuve une force nouvelleʺ
ʺJe te promets de te rester fidèle dans le bonheur ou dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour t'aimer tous les jours de notre vie.ʺ Cet engagement, pris il y aura bientôt quarante ans, a pris une nouvelle dimension à travers l'accompagnement de mon épouse atteinte par la maladie. J'ai vécu des montagnes russes émotionnelles au rythme de la réception des résultats des examens. Et j'ai gardé au mieux pour moi mes questionnements et mes ressentis pour ne pas perturber mon épouse. …/… Depuis que les traitements sont terminés et la maladie vaincue, j'ai le sentiment que notre couple prend une nouvelle dynamique. J'ai trouvé dans cette épreuve une force nouvelle. Je prends de plus en plus conscience de la nécessité de vivre pleinement nos moments de joie et de complicité. À chaque fois que nous rions ensemble, je ressens la force de notre engagement unique et irremplaçable.
La prière m'a apaisé pendant cette longue année, moi qui suis toujours dans le doute et la recherche de la vérité. Et j'ai trouvé dans Jésus, ʺle guérisseur", une source d'espoir et de réconfort.
LUI – Paroisse Saint-Vincent-de-Chantonnay
Face à la maladie, l’aide de la prière
Quand on m’a annoncé que je devais être opérée (‘opération lourde’ selon le chirurgien), je n’étais pas enchantée. Il m’a fallu du temps pour accepter. Bizarrement, le jour de l’hospitalisation, mes peurs se sont arrêtées, j’étais en confiance. Tout s’est bien passé ! Je remercie le Ciel, le chirurgien et toute l’équipe des soignants. Quelle présence !
Pour arriver à cette confiance, peut-être simplement : l’amour de mes proches, la prière de mes amis et une forme de prière avec le passage, quasi en boucle, les semaines précédant l’opération, de prières toutes faites : Ave Maria in hebraïco (30 mn chrono !), Le chant du vieillard Syméon (Robert Lebel), Le Seigneur est ma lumière et mon salut, Ne crains pas (maison Thérèse), etc.
Monique PIFFETEAU – Chantonnay
PRIÈRE du dimanche de la santé
Dieu de miséricorde, touche-moi comme tu as purifié Isaïe au feu de ton amour.
J’entends ton appel : « Qui enverrai-je ? ». « Me voici, Seigneur ».
Jésus Sauveur, gardien et médecin de ma vie,
que je prenne soin de toi en ceux et celles qui sont malades ou isolés.
Au souffle de l’Esprit, je veux te reconnaître dans mes frères et sœurs souffrants
et leur manifester ta bonté, ta Parole réconfortante.
Tu me dis d’avancer au large et j’ai confiance. Envoie-moi.
(Carole Monmarché)