Quand les chrétiens se mêlent d’écologie
Oui, les chrétiens ont à se mêler d’écologie ! Une préface de prière eucharistique nous le dit : « Tu as formé l’homme à ton image… et tu lui as confié la création. » Tout comme, dans le livre de la Genèse, Dieu dit à Caïn, le meurtrier d’Abel : « Qu’as-tu fait de ton frère ? », il nous dit aujourd’hui : « Qu’as-tu fait de la création que je t’ai confiée ? » Les articles de ce bulletin ont été recueillis par une équipe de nos deux paroisses qui se réunit régulièrement pour s’interroger sur le rôle des chrétiens dans la préservation de la ʺMaison communeʺ (pour reprendre une expression de notre pape). Et, dans l’éditorial, nous donnons la parole en premier à Thierry Gain, diacre à Landeronde, qui pilote un groupe diocésain chargé des questions écologiques. Merci à ceux et celles qui ont contribué à ce numéro de notre revue inter paroissiale.
Patrice BOURSIER, curé
Crise écologique et climatique : L’Église ne peut pas se taire
La crise écologique et climatique que nous connaissons depuis plusieurs années concerne l'ensemble des êtres vivants de notre planète qu'ils soient champignons, plantes, animaux ou humains. Même si l’ensemble des humains adoptaient des pratiques vertueuses en termes d’émissions de gaz à effet de serre, il faudrait plus de 1000 ans pour revenir aux conditions climatiques de notre enfance. Nous sommes donc face à une question existentielle majeure. D'autant plus que la situation génère des injustices importantes, des disparitions de nombreuses espèces, des morts et des angoisses. En tout cela, l'Église ne peut pas se taire. C'est un enjeu théologique et éthique car on peut assimiler notre soif du toujours plus, cette recherche de la toute-puissance humaine à une idolâtrie. Nous pourrions qualifier de péché, notre attitude envers les plus faibles car nous sommes chacun d'entre nous en partie responsable de la situation actuelle.
L’Église est capable à ce moment-là de nous aider dans la libération de cette idolâtrie grâce à la miséricorde de Dieu et à l'espérance que nous donne notre foi. Mais c'est aussi pour l'Église une façon d'évangéliser en témoignant que toute la création est aimée de Dieu qui nous l’a donnée. Ce n'est pas une conversion à l'écologie mais une conversion à Dieu bien sûr car il faut arriver à faire confiance, à lâcher prise sur nos certitudes et assumer nos propres limites car nous n'avons pas la toute-puissance.
Si les chrétiens se taisent sur ce sujet, le monde pourrait manquer de lucidité car il manquerait la dimension spirituelle à ses actions, en particulier l'amour du prochain dont les plus faibles. D’autant plus à l’heure où la force semble la seule solution face aux tensions internationales. Pour nous-mêmes, croyants, se taire sur ces sujets serait également être en incohérence avec notre foi, nous qui, tous les dimanches, récitons le credo en disant que nous croyons en Dieu, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. Grâce à l’Église et, en particulier, à la mobilisation des croyants suite à la parution de l'encyclique Laudato Si (Loué sois-Tu) de 2015, c'est une dynamique de conversion qui s'est mise en place pour toutes les Églises chrétiennes. Protestants, orthodoxes, catholiques se retrouvent autour d'un label nommé ʺÉglise Verteʺ. Grâce à ce label, plus de 800 communautés en France sont engagées dans une démarche plus respectueuse de la Création, grâce à sa prise en compte dans tous les domaines qui touchent à leur fonctionnement.
Ce label nous ouvre à une véritable espérance en nous donnant les moyens d’agir dans la joie, gratuitement, en sachant que tout est entre les mains de Dieu. Nous savons que, quoi qu'il arrive, Dieu reste avec nous.
Alors, pendant ce temps de Carême, il est tout à fait possible d'être plus vigilant sur notre impact environnemental et sur les actions que chacun d'entre nous peut mener afin de mieux respecter notre milieu naturel tout en étant vigilant aux plus pauvres qui en subissent les principales conséquences.
Thierry GAIN, diacre – Landeronde
Préserver l’œuvre de Dieu
À l’image des merveilles du Jardin d’Éden, sachons préserver l’œuvre de Dieu qui illumine notre Terre. Gardons nos lampes allumées ; Dieu est bien présent à nos côtés. Chaque jour, prenons le temps d’ouvrir nos yeux pour contempler ces richesses : comme ce hêtre majestueux âgé de plus de 200 ans, dans la forêt de L’Herbergement ainsi que la fontaine Moreau, un vrai havre de paix au milieu des bois, au Détroit (Saint-Martin-des-Noyers). Au temps pascal, si important dans nos vies de chrétiens, la nature illustre à merveille la résurrection du Christ. Au réveil du printemps, la nature apportera un regain de vie non-quantifiable, une renaissance. La canopée reconstruira son édifice architectural à partir du bourgeon jusqu’à la première ébauche d’une feuille. Cette feuille, cet organe végétal, simple en apparence, produira grâce au mécanisme de la photosynthèse de l’oxygène : l’élément indispensable à la vie de toutes les espèces. Le règne végétal est bel est bien ʺle poumon vertʺ de notre planète. En tant que technicien forestier, une de nos missions est de le protéger, ainsi que de répondre aux quatre rôles majeurs de la forêt : la production de bois pour l’approvisionnement de la filière, la préservation de la biodiversité (habitats et espèces), la prévention des risques naturels (défense forestière contre les incendies, maintien des dunes...), l’accueil du public (forêts publiques). La complexité de la gestion repose sur une description et une analyse des composantes du milieu forestier. L’objectif est de mener à bien une gestion durable afin de préserver la ressource pour les générations futures. La mission du forestier exige une grande humilité par rapport à son savoir-faire et surtout par rapport à l’homme vis à vis du temps. Gardons en mémoire que la Terre n’est pas le fruit de l’humanité mais bien l’œuvre de Dieu. Seigneur, nous te rendons grâce pour ta générosité sans limite. Nous sommes tes humbles serviteurs. Entre tes mains, nous remettons notre confiance ainsi que notre espérance.
Gautier DUTHOIT, Technicien à l’Office National des Forêts – Sainte Cécile
Être en harmonie avec soi même
Retour sur les années 1980 : on est en janvier. Avec mon frère, lui aussi agriculteur, on a des projets plein la tête et aussi un peu de courage, alors on fonce pour produire des bovins viande sur notre exploitation. Les banques, coopératives, entreprises privées, tout le monde est là pour nous accompagner et surtout pour le commerce de nos produits. On nous montre, chiffres à l’appui, qu’il n’y a qu’une seule façon d’y arriver, c’est l’intensification. On travaille plus, on produit plus, on achète toujours plus. L’argent, toujours l’argent. Dépenser plus pour gagner plus. Quelques années plus tard, survient le départ d’un associé. C’est l’heure des moments de réflexion et de la remise en question. Je réalise alors que ce système là n’est plus pour moi. Il ne me convient plus, plus du tout. J’adhère au Groupement de Recherche Pour une Agriculture Économe et Autonome. J’y retrouve des paysans heureux, passionnés. Bref, je suis conquis. Peu à peu, j’actionne les leviers qui me permettent d’aller vers un système plus résilient et autonome : Augmentation des surfaces de prairies, baisse des surfaces cultivées, moins d’aliments du commerce et une baisse des engrais chimiques et pesticides, plantations de haies... …/…
Enfin heureux de travailler en harmonie avec cette nature qui, si on la respecte, vous apporte tant. Les années passent et arrive le temps de céder le flambeau. Trois jeunes me contactent. Leur projet est en totale cohésion avec ce que j’avais commencé à réaliser. Il me convient d’autant plus que c’est en agriculture biologique. Aujourd’hui, un peu plus de cinq ans se sont écoulés et ils continuent à mener à bien leur projet. Ne nous laissons pas tenter par toutes ces sirènes dans un monde de consommation excessive.
ALAIN – Chantonnay
Dame nature, Terre nourricière,
Pacha Mamma pour les peuples d’Amérique du Sud
Voilà de jolies expressions pour nommer la nature qui nous entoure et quelles significations ! Le mot ʺDameʺ inspire le respect. Respect pour ce qu’elle nous donne au fil des saisons. Chaque année, nous, mon mari et moi-même, récoltons les légumes de notre jardin et les fruits de notre verger, nécessaires à notre alimentation. S’ils ne sont pas toujours au rendez-vous en quantité ou en qualité, nous adaptons les menus de nos repas. S’ils sont en abondance, nous les partageons avec nos voisins, notre famille et les ami/es. Pour nous, c’est l’essence même de l’écologie avec des modes de cultures simples et pratiques à mettre en place. Nous avons le souci d’en faire bon usage et de ne pas gaspiller ; que ce soit au quotidien ou par le biais des ateliers cuisine que nous organisons via les associations en lien avec l’environnement et la solidarité. Nous tenons à transmettre ces valeurs à nos proches comme nous devons le faire pour les générations à venir. Mes randonnées, presque quotidiennes autour du village où j’habite, me procurent du bien-être. Un bien-être physique car je prends le temps d’écouter cette nature avec l’eau, le vent, les oiseaux et je respire à fond. Un bien-être psychologique car sans y penser je remets à leur juste place les évènements de ma vie passés et actuels, et cela se fait naturellement. Un bien-être total car c’est vraiment la nature, sous toutes ces formes, qui donne force à ma vie. Nous avons la chance de vivre sur un territoire riche de par la nature omniprésente. Préservons-là. Préservons la vie.
MARIE-ANNICK – Chantonnay