Baptisés à tout âge


Les motivations pour une telle démarche sont multiples. Un événement heureux peut déclencher la demande tel un mariage ou une naissance. Mais ce peut être aussi une expérience douloureuse, comme la perte d’un proche.
Eh oui, on peut être baptisé à tout âge ! Si dans les premiers siècles du christianisme, le baptême des adultes était la règle, c’est aujourd’hui, dans beaucoup de pays, celui des bébés qui est le plus courant. Mais voilà que, depuis quelques décennies, nous nous sommes habitués à ce que des personnes de 18 à 90 ans se mettent en route vers les sacrements de l’initiation chrétienne. Et, on le rapporte dans les médias, le mouvement s’est accéléré depuis plusieurs années avec une croissance annuelle de 30 % et même 450% cette année. Ce qui fait 10 000 adultes baptisés en France en 2025 soit 4 fois plus qu’en 2005. Le baptême des adolescents (collégiens et lycéens) est en forte progression également (7000 cette année). Les motivations pour une telle démarche sont multiples. Un événement heureux peut déclencher la demande tel un mariage ou une naissance. Mais ce peut être aussi une expérience douloureuse, comme la perte d’un proche (d’une mamie ou d’un papy pour un certain nombre). L’incendie de Notre-Dame de Paris, semble-t-il, a touché le cœur de jeunes ou moins jeunes qui ont reçu ou vont recevoir le baptême. Dans ce bulletin, 4 adultes (elles sont 5 en tout dans nos deux paroisses) nous racontent un peu l’itinéraire qui les a conduites à être baptisées le dimanche de Pâques. Des collégiens-collégiennes nous apportent également leur témoignage. Et on ne peut pas oublier bien sûr le gros des troupes : les bébés et les enfants en âge scolaire. Ils totalisent, sur nos deux paroisses, aux environs de 150. Nous avons voulu ainsi entendre Eloïse et Clément qui ont, récemment, fait baptiser leurs deux enfants, Paul et Victoire. Une précision importante : anticipation oblige, tous ces articles ou interviews ont été réalisés avant le 20 avril, jour de Pâques.
Que le Seigneur nous donne de recueillir le souffle qui traverse ces vies et qui n’est autre que celui de l’Esprit Saint que nous avons reçu à notre propre baptême. Et qu’ainsi, nous soyons nous-mêmes renouvelés, régénérés dans notre foi, notre espérance et notre amour. 

Patrice BOURSIER, curé

À la guérison de mon fils, c’est le déclic

Je suis Bibata Morel Sapene (née Bayo), mariée et mère de deux enfants, dont une fille de 11 ans en préparation au sacrement de la confirmation dans un an et un garçon de 6 ans, grâce à qui j’ai franchi le pas du désir de recevoir les sacrements. J'ai 42 ans. Originaire d'Afrique de l'ouest, précisément du Burkina Faso, le pays des Hommes intègres, je suis issue d'une famille musulmane assez ouverte. 

Mon père bien qu'étant un grand musulman pratiquant aimait me dire : "Pratiquer la religion musulmane n'est pas une obligation, l'essentiel est de croire en Dieu." 

Depuis toute petite, je suis fascinée et attirée par la religion chrétienne. Mon histoire avec le Seigneur débute timidement lors de mon cursus scolaire au collège catholique Sainte-Famille de Ouagadougou dirigé par les prêtres. Quelquefois je participais à la messe surtout la nuit de Noël et de Pâques. Il y a plusieurs années, je fais une première promesse de conversion véritable que je ne respecte pas malgré l'exaucement. Puis, demandant la grâce du mariage légal que j'obtiens en juillet 2023, je fais encore une seconde promesse de conversion encore non tenue. Enfin, la troisième promesse de conversion sonne l'appel décisif et effectif à mon désir de conversion.

 Dans la détresse, je multiplie les appels à la prière ; je supplie le SEIGNEUR DE SAUVER mon fils atteint d'une péritonite aggravée avec pour bilan : un demi litre de pus dans le ventre, quatre jours de coma, trois opérations et deux mois d'hospitalisation. A la guérison de mon fils, c'est le déclic. Dès le premier dimanche de la sortie de l'hôpital jusqu'à ce jour, ma famille et moi avons repris le chemin de l'église et commencé une intimité avec le Seigneur. Nous prions en famille, le matin et le soir je prie, chose que je ne faisais pas avant.

 Un dimanche, à la communion, le signe de croix sur mon front par le diacre Luc avec les paroles "toi aussi Jésus t'aime'" a bouleversé ma vie. Je suis retournée à ma place, versant des torrents de larmes devant l'amour de Dieu pour moi. …/…

Dès le lendemain, je suis allée voir Martine Chauvet, que j'aide depuis quatre ans à la catéchèse, pour savoir la démarche à suivre pour les sacrements de baptême et de confirmation, afin d'être admise à l'eucharistie pour appartenir à la grande famille des enfants de Dieu et continuer à apprendre à connaître Jésus et à faire grandir ma foi.

 Mon père ne vit plus, mais ma mère, bien qu’étant musulmane pratiquante, m'a encouragée dans ce chemin de conversion. J'ai aussi le soutien de ma sœur ainée, convertie au catholicisme, il y a plus de dix ans. J'ai choisi pour marraine Madame Bonnin (née Kiba Michelle Sandrine) pour sa bienveillance, sa fraternité, son attachement au Christ, sa spontanéité à me parler de la bonté de Dieu chaque jour et pour son soutien indéfectible dans la prière lors de l'hospitalisation de mon fils. Pour parrain, l'abbé Yel Arnaud Meda, prêtre de Jésus, qui est un ami d'enfance, un confident et un exemple de foi. 


Autour de moi, j'en parle avec joie, optimisme et fierté. Je suis si reconnaissante pour cette grâce divine dans ma vie. Les gens sont un peu surpris que je ne sois pas encore baptisée vu mon niveau d'implication dans la vie chrétienne. C’est avec beaucoup d'étonnement et de joie qu'ils partagent cette grâce avec moi. 

À l'approche du baptême, je me sens privilégiée par la grâce de Dieu. C'est un bonheur immense et une paix inouïe qui m'habitent. J'ai totalement confiance en Dieu ; j'aborde la vie avec beaucoup plus de calme, de sérénité et d'assurance. J'ai complètement lâché prise pour passer la main à Dieu dans tous les aspects de ma vie. Je me sens réconfortée, restaurée et revigorée par sa grâce et son amour. Ma vie est plus simple et agréable depuis ma conversion. J'ai une meilleure visibilité. L'amour et l'espérance en Dieu sont désormais mes carburateurs et mon leitmotiv.

Bibata MOREL SAPENE – Paroisse Sainte-Croix-des-Essarts

Offrir à nos enfants la richesse du baptême 

Voilà huit ans que nous avons posé nos valises à Chantonnay, où nous avons construit notre vie de famille avec nos deux enfants : Paul, 6 ans, et Victoire, bientôt 2 ans. En couple depuis treize ans, nous avons grandi ensemble, construisant peu à peu notre foyer. Clément a grandi dans une famille où la foi était surtout culturelle, transmise comme une tradition. Éloïse vient d’un milieu athée, sans spiritualité. Longtemps, la foi n’a pas été au cœur de nos préoccupations. Nous n’avions donc pas souhaité faire baptiser nos enfants plus tôt : pour nous, cet engagement devait s’appuyer sur une conviction profonde, et non sur une simple coutume. 

À la naissance de Victoire, Éloïse a vécu un éveil spirituel. Un appel intérieur qui a bouleversé sa manière de voir les choses. Il lui est vite apparu essentiel d’offrir cette richesse à nos enfants, non comme une obligation, mais comme un repère. Clément a accueilli pleinement cette démarche. Ce cheminement a aussi influencé nos choix. 

En 2024, nous avons passé nos premières vacances en famille, à Lourdes ; un moment fort qui a marqué notre foi naissante. C’est ainsi que nous avons décidé de faire baptiser Paul et Victoire. Le 2 mars 2025, ils ont reçu le sacrement du baptême, entourés de nos proches et accueillis par la bienveillance de la communauté paroissiale. Même si nous découvrons encore la foi, nous espérons sincèrement être de bons repères pour eux et leur transmettre chaque jour les bases d’une relation vivante avec Dieu.

ÉLOÏSE et CLÉMENT

Impatients et émus d’entrer pleinement dans la grande famille des chrétiens 

Pour la quatrième année, j’ai la chance d’accompagner des collégiens vers les sacrements et plus particulièrement vers le baptême. C’est pour moi un véritable cadeau ! Quelle joie de les voir "impatients et émus d’entrer pleinement dans la grande famille des chrétiens", comme l’expriment Léana et Jules. La démarche de ces jeunes est, pour certains, mûrie depuis plusieurs années, comme pour Maud qui a souhaité, cette année, "prendre le temps de vivre ce qu’elle désirait petite". Pour d’autres, la démarche est initiée, à leur arrivée au collège, par les temps de catéchèse. Owen et Léane expriment un vrai désir de "suivre les chrétiens de leurs familles et ceux qui leur ont transmis la foi". Shanna souhaite, quant à elle, être baptisée pour "recevoir une force et trouver une aide, un soutien dans les évènements difficiles de la vie".


 Le cheminement des collégiens, en accord avec leurs parents, est ponctué de différentes étapes. Les jeunes que j’accompagne, cette année, avec l’abbé Patrick Peridy, sont catéchisés, dans différents groupes, à raison d’une heure par semaine. Nous nous retrouvons, en plus, huit fois dans l’année, pour préparer chacune des étapes du sacrement. À chaque séance, nous entrons dans la connaissance de la Parole de Dieu, nous prions, en tenant compte du cheminement personnel et des questions de chacun. 

Ces rencontres permettent aux jeunes de prendre conscience de la présence de Dieu dans leurs vies, de continuer à découvrir qui est ce Dieu d’amour, de comprendre un peu plus la Bonne Nouvelle du Christ mort et ressuscité, de découvrir la relation à Dieu dans la prière et l’importance de la vie en Église. …/… Dieu rejoint chacun dans son histoire, dans son parcours de vie !

 Marie-José LIAIGRE
Adjointe en Pastorale Scolaire au Collège
Saint-Joseph de Chantonnay

 Enfants et parents : tous embarqués dans l’aventure 

Cette année dans notre paroisse, sept enfants en âge scolaire (primaire) ont demandé le baptême. Nous, l’équipe d’accompagnement au baptême avons recueilli le témoignage des enfants et de leurs parents et nous sommes heureux de le partager avec vous.
Pourquoi avez-vous demandé le baptême ?
"Parce que j’en ai vu un et ça m’a donné envie." "Lorsque mes copains se sont fait baptiser et que j’ai aimé leurs explications." "Parce que je crois en Jésus." "Pour faire partie de la famille des chrétiens."
Qu’as-tu découvert, aimé lors des rencontres de préparation ?
"Que Dieu est présent." "De mieux connaître Jésus." "J’ai aimé découvrir Dieu et le baptême." "J’ai découvert comment devenir chrétien, la prière, le partage." "Parce qu’on passe des bons moments."
A l’approche du baptême, comment te sens-tu ?
"Bien et pressé." "De la joie." "Heureux et joyeux."

Et vous parents de ces futurs baptisés, comment avez-vous vécu cette expérience ?
"L’expérience du baptême pour enfants en âge scolaire est vraiment très riche d’échanges, ludique et cela permet aux enfants de mieux comprendre et d’aborder le cheminement vers Dieu. Nous parents, nous sommes contents que Timéo ait pu choisir de lui-même de demander son baptême." "C’est une expérience enrichissante, un moment entre parenthèse, de pause dans notre quotidien et un moment d’écoute, de partage." "J’ai apprécié de voir Lilou préparer son baptême comme une grande."

 Propos recueillis par COSETTE et MARIE-FRANÇOISE 


Le baptême : une suite logique à ma quête spirituelle

 Maeva a été baptisée le dimanche de Pâques. Avant ce grand jour, elle nous a écrit quelques mots sur son itinéraire et ce qui l’habitait à l’approche de son baptême. Son ami Gegham, lui-même baptisé, nous partage ce qu’il a éprouvé de voir Maeva avancer vers cette nouvelle naissance en Dieu. 


Je m’appelle Maeva, j’ai 19 ans et je suis commerciale en alternance. Depuis toute petite, la foi chrétienne a toujours occupé une place dans mon esprit, presque comme une évidence. Je n’ai pas grandi dans une pratique religieuse très marquée, mais j’ai toujours ressenti cette présence, cette curiosité naturelle pour Dieu. C’était comme une petite lumière en moi, quelque chose d’inné qui ne m’a jamais quittée. Demander le baptême s’est donc imposé naturellement, comme une suite logique à cette quête spirituelle. J’ai eu la chance d’être bien entourée et accompagnée tout au long de ce chemin, ça a été très important pour nous tous. J’aime beaucoup échanger sur la foi et les parcours de chacun. En parler autour de moi est enrichissant car on apprend énormément des autres. Ces discussions me confirment chaque fois que je suis sur le bon chemin, et elles m’encouragent à avancer avec confiance. À l’approche de Pâques, je ressens une grande joie. Ce baptême représente pour moi un véritable accomplissement, une étape forte et symbolique. Mais c’est aussi un commencement : le début d’un renouveau. J’ai l’impression de tourner une belle page et d’en ouvrir une autre, encore plus lumineuse. Je me sens prête à vivre cette aventure avec Dieu, entourée de joie, d’espérance et d’amour… et d’un grand sourire !

 Maeva PUGET



Je suis profondément touché de voir Maeva grandir dans sa foi et se préparer au baptême. Je l’encourage de mon mieux, je la pousse à aller plus loin avec Dieu. La voir avancer m’inspire et m’aide aussi à grandir dans ma propre foi. On avance ensemble, main dans la main, on se soutient mutuellement, et chaque pas qu’elle fait vers le Seigneur me rapproche moi aussi un peu plus de Lui. C’est une belle aventure spirituelle que l’on partage.

 Gegham SHAHBAZYAN

En famille vers le baptême

Tout a commencé, il y a deux ans, par une merveilleuse rencontre. Dans le cadre de mon travail dans le service à la personne, j’ai, dans un premier temps, rencontré Marie qui recherchait une aide à domicile pour un membre de sa famille. Au fur et à mesure la confiance s’installa et elle me fit rencontrer Yvonne sa maman qui avait également besoin de quelqu’un. Rapidement, nous nous sommes rapprochées, confiées, nos longues discussions autour d’une chicorée. Yvonne me parlait beaucoup de sa foi, de la prière… Je lui confiai que ma fille Noa souhaitait se faire baptiser, elle m’encouragea à le faire ; je décidai alors que j’allais faire ce chemin avec elle. En rentrant à la maison je dis à ma fille : "Noa, tu veux toujours te faire baptiser ? Oui maman. Alors on va se faire baptiser ensemble ma chérie." Les larmes coulèrent et elle me remercia en se jetant dans mes bras. J’ai été élevée dans une famille catholique et pratiquante. Mon papa m’emmenait à la messe tous les dimanches. Du haut de mes cinq ans, mon baptême fut annulé deux jours avant, suite à la mort de ma grande mère paternelle. Il ne sera jamais reprogrammé… Je n’ai pas élevé mes enfants de la même manière et pourtant Noa avait la foi depuis son enfance (son arrière-grand-mère lui avait offert la Bible). Noa a toujours aimé rentrer dans les églises lors de nos séjours et voyages, elle allumait des cierges pour nos proches disparus. Elle s’instruisait seule, elle m impressionnait ! Elle évoquait depuis toute petite le fait de vouloir se faire baptiser, mais par manque de temps, je lui répondais : "Ok ma chérie on verra plus tard." J’ai toujours souhaité que mes enfants choisissent eux-mêmes de se faire baptiser, ne voulant pas leur imposer mon choix. …/… 

Nous voilà aujourd’hui après quinze mois de préparation à cinq jours de notre baptême. Durant cette dernière année, nous avons avancé avec Patrice, notre prêtre ainsi que les autres catéchumènes et nos accompagnateurs, toujours dans une ambiance conviviale avec simplicité sans préjugé et en confiance. Patrice nous a appris tellement de choses sur la vie de Jésus et la religion chrétienne. Je remercie Yvonne et Marie, pour leur écoute, leurs conseils, leur bienveillance à mon égard. Ce n’est pas un hasard si nos chemins se sont croisés et c’est grâce à elles que je suis ici aujourd’hui. Noa a une tendre pensée pour son arrière grand mère ‘mémé’ qui nous a quittés le 1er novembre et qui, de là-haut, doit être tellement fière d’elle.

Charlotte et Noa PAGET

Quoiqu’il arrivera, Dieu sera toujours mon refuge

La plupart des baptêmes se font dès le plus le jeune âge. Beaucoup pour la tradition de la famille ou d’autre sans raison potentielle, mais jamais par envie de la personne réellement concernée par ce jour si important. Ayant 16 ans, j’ai eu la chance d’avoir eu le choix et de l’accepter pleinement. Je suis fière de me faire baptiser à mon âge car tous les merveilleux souvenirs de cette journée seront présents toute ma vie. Je le fais en partie pour ma famille évidemment, mais avant tout pour moi afin de créer ce lien qui m’accroche au Seigneur et son histoire. Ayant connu des complications dans ma vie, je suis très enthousiaste de pouvoir savoir que, quoi qu’il arrivera, Dieu sera toujours mon refuge, ma source de protection dans laquelle je pourrai m’exprimer sans craintes. Maintenant, demain et tous les autres jours qui suivront. Depuis un an maintenant, je suis ce cheminement avec ma sœur ainsi que la Pastorale des Jeunes. C’est un endroit où je me sens moi-même, sans jugement ou moquerie. Lors des rencontres que j’ai eu la chance de faire, la découverte et la socialisation de tous étaient la clé. La joie était toujours présente et les connaissances étaient fréquentes. Dans moins d’une semaine, un voyage à Lourdes est prévu. Celui-ci représente pour moi l’arrivée d’un chemin vers notre Seigneur. La dernière spirale manquante de notre boucle. Je suis vraiment très heureuse d’avoir eu la chance et le privilège de pouvoir suivre ce cheminement et d’avoir fait le choix de continuer en souhaitant devenir confirmante. Un nouveau chemin sur lequel je vais me laisser tenter.

 GAËTANE