Bonne année ! Bonne santé !
Que de fois nous allons entendre ou prononcer nous-mêmes cette formule : « Bonne année ! Bonne santé ! » Et nous avons raison de vouloir ainsi le meilleur pour celles et ceux que nous aimons ou que la vie nous donne de côtoyer. Et pourtant, que ces souhaits sont parfois difficiles à entendre ou à formuler !
Souhaits dont la réalisation n’est pas maîtrisable. Celui qui, aujourd’hui, se porte comme un charme, peut, très bien, demain, voir son avenir compromis par un accident de santé que rien ne laissait prévoir.
Souhaits qui peuvent être inconvenants parce qu’ils ne sont pas recevables. Nous connaissons tous des personnes pour qui il n’y a pas d’espoir de guérison.
Souhaits qui peuvent être déplacés. Que veulent dire de telles paroles pour des populations qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté ? Pour des populations en guerre ?
Souhaits qui peuvent être maladroits. Quelle réception possible pour des voisins migrants, déchirés par ce qu’ils vivent et par le souci de leurs familles restées au pays ?
Même si ces souhaits sont exprimés avec la meilleure intention, ils doivent l’être cependant avec tact et discernement.
Et, pourtant, nous avons raison de les formuler.
Parce que la santé est un don, un cadeau inestimable. Nous commençons à nous en rendre compte quand, précisément, elle vient à s’altérer, à nous faire défaut. Alors, prenons le temps d’apprécier, de nous réjouir, de remercier pour ce cadeau dont il nous faut prendre soin, qu’il nous faut entretenir.
L’accident de santé révèle la place primordiale de l’accompagnement. Outre les soins médicaux indispensables, les visites, la présence, manifestée sous des formes diverses, viennent donner du goût, de la saveur au quotidien qui a changé. Présent dans ma chambre lors de l’arrivée de deux amis, le médecin me dit, en désignant ces amis : « La meilleure thérapie, la voici ! » Qu’est-ce qui fait vivre sinon la qualité des relations que nous entretenons ?
Cela crée effectivement une exigence, individuelle mais aussi, pour nos communautés chrétiennes : «Quelle présence manifestons-nous à des personnes atteintes par le grand âge ou la maladie et qui ne peuvent plus nous rejoindre ? Comment leur signifier qu’elles sont toujours membres de notre communauté, même si c’est de manière différente ? »
L’accident de santé peut ouvrir un chemin intérieur à parcourir. Avec des appréhensions, - justifiées ou non -, avec des fragilités - avérées ou non - il nous fait désormais intégrer cette nouvelle donne qu’est notre état de santé. Notre présence aux autres, notre présence au monde peuvent en être modifiées mais pas moins fécondes pour autant.
Et si l’évolution de notre état de santé pouvait aussi ouvrir un chemin de foi ! A certains moments, légitimement, nous nous posons la question : « Pourquoi moi ? Pourquoi aujourd’hui ? » Lors de la veillée de Noël, nous entendons ceci : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur les habitants de l’ombre, une lumière a resplendi. » (Prophète Isaïe 9, 2). Au plus fort des épreuves traversées par le peuple d’Israël, il y a toujours eu des Sages, des prophètes pour rappeler que le Dieu de l’Alliance « voit la misère, entend le cri de son peuple » (Livre de l’Exode 3,7) et qu’il l’accompagne. Et, aujourd’hui comme hier, « les bontés du Seigneur ne sont pas épuisées. » (Livre des Lamentations 3, 22). Alors, accueillons les paroles de Jésus comme des vœux formulés à notre égard à l’aube de cette année nouvelle : « Que ma joie soit en vous et que cette joie, vous la possédiez en abondance. » (Évangile selon saint Jean 15,11).
« Heureuse Année 2024 ! » Puissions-nous, chacun à notre mesure, contribuer à fleurir la vie de celles et ceux avec qui nous faisons route.<
Abbé Marcel BIDAUD