Quand est venu l’âge de la retraite

Dans ce bulletin, nous avons donné la parole à des paroissiens qui sont passés récemment à la retraite professionnelle. C’est une étape importante de la vie qui invite à bien des réajustements, qui ouvre à de nouveaux projets et peut donner un nouvel élan à la vie de foi et à la vie ecclésiale. Nous remercions celles et ceux qui ont bien voulu nous partager leur expérience de l’entrée en retraite professionnelle. 

Patrice BOURSIER, curé de Saint Vincent-de-Chantonnay

L’âge de la retraite

La retraite ne signifie pas se refermer sur soi Quand l'heure de la retraite a sonné, je n'ai eu aucune inquiétude sur l'APRÈS. Quarante années dans le commerce (librairie et grande distribution), j’aspirais à une vie moins stressante, plus paisible. Consciente des contraintes familiales : parents vieillissants, proche en situation de handicap, mes journées allaient être bien remplies. 

Qui dit retraite dit temps libre, donc bénévolat. C'était sans compter sur les nombreuses sollicitations pour lesquelles il faut faire des choix. J'ai fait celui de rejoindre l'équipe d'accompagnement des familles en deuil pour préparer la cérémonie religieuse et apporter aide et soutien aux proches.

 


La brigade de remplacement à l’école Notre-Dame avait besoin de parents, grands-parents pour pallier aux courtes absences des enseignants : quatre ou cinq demi-journées par an, par groupe de deux bénévoles, nous avons la responsabilité d'un groupe de quinze élèves ; notre rôle étant de veiller au bon déroulement de la classe et d'aider à la réalisation du travail personnel demandé. 

L'évolution dans ces deux mondes différents me permet de penser : je peux encore rendre service, être utile aux autres. Même si la vie professionnelle est derrière nous, les moments forts qui sont vécus au travers de ces rencontres remettent parfois "les pendules à l'heure". La retraite ne signifie pas se refermer sur soi, se satisfaire du train-train quotidien, mais au contraire s'ouvrir au monde extérieur, s'adapter aux besoins des autres. L'épanouissement personnel est impacté par ces expériences où le partage est primordial. En conclusion, je vous dirais : à soixante ans et plus, de nouvelles perspectives s'ouvrent à nous. Et quand on a la chance de les saisir, en apprécier les bienfaits ne peut que nous faire avancer dans le positif. Malgré les embûches, garder l'espoir d'un monde meilleur.

BRIGITTE – Essarts-en-Bocage

La retraite : une nouvelle étape et une nouvelle manière de vivre la mission

 

Je suis à la retraite depuis maintenant quatre ans et demi et, croyez-moi ou pas, je m’y habitue très bien. J’ai commencé ma carrière comme secrétaire et je l’ai terminée comme LEME (Laïque en Mission Ecclésiale) au service de la paroisse. Après deux ans en retraite progressive, à 62 ans, je suis partie sans appréhension particulière. Un nouveau chapitre s’annonce, estimant avoir bien méritée cette nouvelle vie. Pouvoir faire ce que je veux quand je veux, sans horaires, sans impératifs, sans stress. Aujourd’hui, je peux enfin consacrer plus de temps et profiter des miens, de ma famille.

 Catherine et ses petites-filles

 Quelle joie quand je garde mes petites-filles, des petits plaisirs éprouvés qui illuminent ma journée : on va chercher le pain, on fait un gâteau, on joue à un jeu de société, on fait du bricolage… À la retraite, le rythme est différent, mais n’exclut pas le stress parfois. Je prends davantage le temps pour faire les choses, mais cela ne veut pas dire que tout est simple. Il m’arrive de douter, de trop réfléchir, de me disperser et voilà que le stress m’envahit quand il faut prendre une décision : « Est-ce que je fais bien ou pas ? Est-ce raisonnable ? » Puis finalement tout s’apaise. 

À la retraite, je conserve une certaine organisation. J’ai tendance à m’égarer facilement, alors je note, j’essaie de planifier mes journées, je me donne des objectifs… que je ne mène pas tout le temps jusqu’au bout. Heureusement, je sais profiter de ces moments avec les copines pour une marche suivie d’un temps de jeux, d’une journée avec mes sœurs pour faire les magasins, d’une visite à des amis éloignés ou des personnes âgées, ou tout simplement d’un après-midi tranquille dans le silence chez moi. Et puis, il a aussi les sorties, les vacances, les voyages entre couples, avec les amis, la famille. Ces temps-là me permettent de retrouver un certain équilibre.

 À la retraite, j’ai décidé de garder mon engagement avec l’Action Catholique des Enfants. Cela fait plusieurs années que je suis, avec Isabelle une autre adulte, responsable de club. J’ai toujours le même enthousiasme à retrouver les enfants. Malgré quelquefois des difficultés à gérer les groupes, notre objectif est de "permettre aux enfants de grandir humainement et spirituellement". Une chose est sûre, j’accompagne les enfants avec cœur. J’ai ce désir sincère que chaque enfant puisse trouver sa place en club ou ailleurs.

 À la retraite se présente une nouvelle étape et une nouvelle manière de vivre la mission. Je reste appelée à témoigner, à servir, à être témoin là où je suis, simplement, avec ce que je suis. Je vis ma foi et la partage autrement dans les petits gestes du quotidien, dans les rencontres, les attentions aux uns et aux autres et aussi dans la pratique de la messe dominicale. Je termine avec cette parole de la Bible qui résonne en moi : « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous le ciel » (Ecclésiaste 3,1). CATHERINE – Rochetrejoux

Trouver le bon équilibre et la juste mesure

Je suis marié, père de trois enfants et grand-père de cinq petits-enfants. J’ai 68 ans. Je suis retraité du secteur agricole depuis 2017, tout en continuant jusqu’en 2020 mon engagement d’élu local commencé en 1989. La transition du monde professionnel au temps particulier de la retraite est un tournant dans sa vie qui n’est pas toujours simple à négocier. C’est un changement conséquent. Il faut prendre de nouvelles dispositions. Il y a une certaine appréhension à l’approche de cette échéance. Le rythme de vie est complètement bouleversé. …/… Entre la vie agricole et la vie politique très chronophage, "l’après" peut faire peur : fin des réunions, des rendez-vous, des sollicitations, des implications diverses et variées, etc.

 


Après un nécessaire temps d’adaptation, on arrive à trouver un nouveau rythme. J’ai la joie d’avoir ma famille dans la même commune. Et je rends grâce à Dieu pour cela ! Le temps que je n’ai pas pu prendre avec mes enfants du fait de mes nombreuses activités, je peux maintenant le prendre avec mes petits-fils, m’occuper de ma maman et de mon beau-père âgés et donc prendre davantage soin de ma famille et de mes proches. C’est une grande joie ! J’ai aussi davantage de temps pour m’engager dans l’Église. Je le fais au niveau paroissial pour la catéchèse à l’école, pour les portes de l’église de Mouchamps ou la préparation des sépultures avec le service d’accompagnement des familles en deuil. Je prends aussi beaucoup de joie à m’engager, à Lourdes au pèlerinage du Rosaire en octobre, ou encore au service de nos frères chrétiens d’Orient avec l’œuvre d’Orient. Le pèlerinage au Liban, il y a deux ans, a été une belle découverte et d’une grande richesse humaine et spirituelle. 

Bien sûr, le risque est de dire "oui" à toutes les nombreuses sollicitations des différentes associations ou autres. Il faut pouvoir trouver le bon équilibre et la juste mesure, et apprendre à dire "non". C’est valable pendant le temps de la vie professionnelle, mais aussi pendant le temps de la retraite. Mais quand on a la santé et du temps, il est important de continuer à s’engager en essayant de rendre service le mieux possible, dans un équilibre des priorités.

HERVÉ – Mouchamps

J’étais prêt dans ma tête

Voilà bientôt quatre ans que je suis à la retraite ! Entré à 19 ans dans un groupe bancaire, j’en suis sorti quarante-et-un ans plus tard en bénéficiant du régime des carrières longues. J’ai rapidement pris en charge des postes avec management d’équipe et à mi-carrière j’ai intégré un comité de direction dans une filiale du groupe. J’ai ressenti beaucoup de satisfaction dans l’accomplissement de mes différentes missions mais étant perfectionniste, il m’a fallu gérer en permanence mon stress (vais-je réussir à faire face à la complexité et à ma charge de travail ?) et supporter la pression exercée par la hiérarchie. Aussi quand l’heure de la retraite a sonné, j’ai tourné la page du jour au lendemain, sans regret aucun, et en conservant tous les beaux souvenirs qui ont jalonné ma carrière. J’étais prêt dans ma tête et je n’avais aucune inquiétude sur ce qu’allait être ma "nouvelle vie" !

 Et en effet, j’ai basculé complètement en travaillant essentiellement à l’extérieur et manuellement, moi qui avais passé toute ma vie derrière un bureau… et cette proximité avec la nature, avec la beauté de la création m’a rapproché de Dieu. J’avais en guise de préparation fait une liste de tout ce que je voulais faire pendant ma retraite. J’ai déjà réussi à en réaliser une bonne partie et cela me procure du plaisir et de la joie surtout quand une activité est tournée vers les autres.

 Ma vie de retraité me donne surtout la possibilité d’organiser mon temps librement. C’est un luxe de pouvoir décider chaque matin de son emploi du temps et de pouvoir le remettre en cause parce qu’un voisin passe devant la maison et qu’on engage la discussion en reportant la tâche en cours. Bien sûr, il reste quelques obligations liées notamment à la logistique familiale, mais rendre service à mes enfants me procure beaucoup de joie et quel bonheur de s’occuper de ses petits-enfants et de les voir s’éveiller à la vie. 


Pour démarrer ma retraite au mieux, j’ai fait le choix de subir deux opérations chirurgicales pour des "bobos" que je traînais depuis des années. J’ai pris conscience que mon corps n’était plus celui d’un homme de 30 ans et j’apprends à aller moins vite pour me préserver et pouvoir ainsi vivre pleinement les moments essentiels, ceux qui sont porteurs de joie et de bonheur. 

 JEAN-JACQUES - Chantonnay