"Il m’a prise à son cou"

Une paroissienne de Saint-Vincent-de-Chantonnay a connu personnellement l’abbé René Giraudet. Elle vivait alors à Saint-Hilaire-du-Bois où sa mère tenait un café, tandis que son père s’occupait de la ferme. Pleine d’émotion, elle nous livre quelques souvenirs, toujours très vifs, de cette époque. 


« Il m’a prise à son cou ! Je suis montée sur ses genoux ! J’avais à l’époque dans les 4 ans. L’abbé René Giraudet venait tous les jours à la maison. Il n’avait que la rue à traverser pour rejoindre notre café. Il venait voir particulièrement notre grand-mère qui le considérait comme son fils. Il visitait les malades et allait dans toutes les maisons, y compris dans les familles qui se tenaient à distance de la religion. Il pouvait discuter longuement avec l’institutrice de l’école publique qui ne cachait pas ses convictions communistes. 



Ses parents tenaient une droguerie à Chantonnay. Ses nièces (il n’avait qu’une sœur) venaient parfois en vacances à Saint-Hilaire-du-Bois au presbytère. Gabrielle, la bonne, faisait la cuisine pour tout ce monde. Le presbytère avait un grand jardin, cultivé et entretenu par Gustave, un paroissien. 


Quand l’abbé René Giraudet est parti en Allemagne, je revois son père venir de Chantonnay, en vélo, pour l’accompagner jusqu’à La Jaudonnière où un bus l’attendait. Ma grand-mère, le voyant partir, pleurait en disant : "On ne le reverra plus". Moi aussi, je pleurais.
On recevait de lui des lettres d’Allemagne. Il remerciait pour les confitures et autres victuailles que ma grand-mère lui envoyait. J’ai conservé ses lettres. 


Puis, un jour de 1945, vint au café, par téléphone, la nouvelle de son décès. Tous les hommes présents au café, pleuraient, même ceux qui ne mettaient pas les pieds à l’église. Quand est arrivé le cercueil, de Paris, on l’a disposé dans la salle à manger du presbytère. Je me souviens m’être faufilée parmi les personnes autorisées à lui rendre visite, pour me tenir près de lui. La célébration d’obsèques a eu lieu dans l’église de Saint-Hilaire. Sa famille a tenu à ce qu’il soit inhumé à Chantonnay. …/… 

Toute ma vie, j’ai prié l’abbé Giraudet et il m’a donné beaucoup de grâces. J’ai parlé de lui à mes enfants. Souvent, je leur ai dit : "Priez-le !" Que je suis heureuse de sa béatification où j’espère bien être présente ! » 

Propos recueillis par l’abbé Patrice Boursier